Estive en Pyrénées : un berger et son troupeau en territoire dystopique
Dans les montagnes désertées par les hommes se jouent les tragédies, reflets des paysages antiques. Début octobre sonne la fin de l'estive dans les montagnes ariégeoises. Gasconnes, Limousines, Aubracs, Suisses, Croisées paissent tranquillement dans la vallée qui brunit. Le soleil furtif se lève sur ce territoire en proie au vent glacial où l'herbe tendre se fait rare. Malgré ses 20 années de métier, Brice Delsouiller n'est jamais au bout de ses surprises avec ces animaux : elles circulent partout, du plateau enherbé situé à 1600 mètres d?altitude où se trouve sa cabane sans eau courante ni électricité, aux confins des flancs rocailleux des pics atteignant 2400 mètres. Ce sont ces scènes de vie et de mort, sans défaut ni excès, que nous a invitées à partager Brice pendant quelques jours. Unissant sa vision d'un élevage extensif et sa lecture poétique du monde sauvage, il harmonise l'ancien et le nouveau, déconstruit l'idylle pastorale et réveille en nous le pouvoir du présent. C'est accompagné de son troupeau dans l'amphithéâtre montagnard, loin de la civilisation brillante d'un stérile progrès, pendant 5 mois annuels, que Brice a choisi de vivre sa liberté, dans la certitude immémoriale de la nature.
Texte : Laura Flint
Summer in the Pyrenees : a shepherd and his herd in dystopic territory
In the mountains deserted by men, tragedies are played out, reflecting the ancient landscapes. Early October marks the end of summer in the Ariège mountains. Gasconnes, Limousines, Aubracs, Swiss, Crusaders graze quietly in the browning valley. The stealthy sun rises over this territory in the icy wind where soft grass is scarce. Despite his 20 years of experience, Brice Delsouiller is never at the end of his surprises with these animals: they travel everywhere, from the grassy plateau at an altitude of 1600 metres where his hut without running water or electricity is located, to the edge of the rocky slopes of the peaks reaching 2400 metres. It is these scenes of life and death, without defect or excess, that Brice invited us to share for a few days. Uniting his vision of extensive livestock farming and his poetic reading of the wild world, he harmonizes the old and the new, deconstructs the pastoral idyll and awakens in us the power of the present. It is accompanied by his herd in the mountain amphitheatre, far from the brilliant civilization of sterile progress, for 5 months a year, that Brice has chosen to live his freedom, in the immemorial certainty of nature.
Texte : Laura Flint