Auroville, 50 ans d'utopie
A l'heure où les paniers bio s'arrachent comme des gilets de sauvetage un jour de catastrophe maritime, où les bobos rêvent de s'expatrier en province dans des maisons en rondins pour cultiver des légumes à l'ancienne et où le " travailler plus pour gagner plus « a laissé à certains un goût de poisson décomposé dans la bouche, j'ai eu envie d'aller rencontrer les pionniers d'un monde meilleur et découvrir la cité de leurs rêves. Tout a commencé le 28 février 1968, quand des représentants de 124 pays se sont réunis pour commencer à bâtir Auroville sur un grand terrain vierge à une dizaine de kilomètres de Pondichéry, en Inde du sud. Leur motivation était inspirée par des textes de Mirra Alfassa, plus connue sous le nom de "la Mère". Cette Française, compagne du philosophe et yogi indien Sri Aurobindo, voulait créer "une cité universelle où hommes et femmes de tous pays puissent vivre en paix et en harmonie au dessus de toute croyance, de toute politique et de toute nationalité".
50 ans plus tard, 2 millions d'arbres ont été plantés, des maisons à l'architecture surprenante ont remplacées les huttes, Auroville possède son propre réseau électrique et Internet, et approvisionne toute la ville en eau potable. Ses habitants recyclent la quasi-totalité de leurs déchets, ont créé des écoles, des crèches, des services médicaux, des salles de spectacle et de conférence, des terrains de sport, des fermes bio, des laboratoires etc. Il n' y toujours pas de police ou d'armée.
Qui sont ces Aurovilliens ? À quoi ressemblent-ils ? Qu'est il advenu de leur
rêve ? C'est cette curiosité qui m'a poussé à partir à leur rencontre. Après des kilomètres parcourus sur cette terre spirituelle, ponctués de rencontres plus surprenantes les unes que les autres, voici une série de portraits mis en scène d'Aurovilliens des premiers jours, de leurs enfants ou de nouveaux venus prêts à commencer une nouvelle vie.
Auroville, 50 years of utopia
At a time when organic vegetable boxes are grabbed like lifejackets during a sailing disaster, when bobos dream of moving out to the provinces to live in log cabins and grow vegetables the traditional way, and when ?work more to earn more? leaves, for many, a taste of rotten fish in the mouth, I wanted to go and meet pioneers for a better world and discover the city of their dreams. It all began on the 28th February 1968, when representatives from 124 countries got together to start building Auroville on a large piece of waste land, a dozen kilometres from Pondicherry (now known as Puducherry) in Southern India. They were inspired by texts written by Mirra Alfassa, who is better known by the name ?The Mother?. This French woman, who was Indian philosopher and yogi, Sri Aurobindo?s partner, wanted to create ?a universal town where men and women of all countries are able to live in peace and progressive harmony above all creeds, all politics and all nationalities ». 50 years later, 2 million trees have been planted, houses with surprising architecture have replaced the huts, Auroville has its own electricity supply and internet, and supplies the whole town with drinking water. Its inhabitants recycle almost all their waste, have created schools, nurseries, medical services, concert and conference halls, sports fields, organic farms, laboratories etc. There is still no police force or army. Who are these Aurovillians? What do they look like? What has become of their dream? This curiosity pushed me to go and meet them. After many kilometres spent wandering this spiritual land, dotted with encounters that each were more surprising than the last one, here is a series of staged portraits of the original Aurovillians, their children and new arrivals ready to begin a new life.