Cambodge, l'UNESCO inscrit la prison S-21 au Patrimoine Mondial de l'Humanité
A 95 ans, l'écrivain cambodgien Chum Mey se tient toujours dans la cour du musée Tuol Sleng, à Phnom Penh. Il y vend des livres, ses livres, qui racontent son passage dans cette sinistre prison d'état dont il fut l'un huit survivants trouvés par les soldats vietnamiens en 1979 quand enfin ils renversent le régime de Pol Pot. Tout commence en 1975. La première décision de Pol Pot est de vider toutes les villes du pays de leur population pour les relocaliser dans les campagnes. Dans la foulée, il abolit la religion et la monnaie et considère comme suspecte toute forme d’occidentalisation et de modernité industrielle et technologique. Le régime sombre vite dans la paranoïa. Les intellectuels, les étudiants sont considérés comme des ennenis du régime.Il suffit de porter des lunettes pour être arrête et envoyé dans un des 196 prisons du pays comme le centre de détention S-21 aménagé dans un lycée qui deviendra vite un des principaux outils de terreur du régime. Dirigée par Kang Kek Ieu, alias « Douch », elle devint une machine de mort pour plus de 18 000 personnes qui furent systématiquement prises en photo comme le montre les nombreuses archives retrouvées sur place.
L’horreur à l’état pur
Les bâtiments étaient recouverts de fil barbelé afin que les détenus ne se suicident pas. La décision de vie ou de mort incombait en effet à la direction de la prison. Les anciennes salles de classe devinrent cellules et lieux de torture dans lesquels les prisionniers allongées par terre, les pieds attachés à de longues barres de fer par des anneaux en fonte. Leur visite est saisissante. En 1979, les Vietnamiens renversent les Khmers rouges. Au S-21, seuls 8 survivants sont retrouvés, 8 hommes et 4 enfants, cachés dans une pile de vêtements. Pol Pot et ses complices trouvent refuge dans la jungle d'où ils continueront à mener des actions de guérilla. Arrêté en 1997, Pol Pot est condamné à la réclusion à perpétuité. Il décédera en 1998. Douch, le directeur du S-21 est inculpé en 2007 pour crimes contre l'humanité et est condamné à 35 ans de prison par le tribunal du génocide cambodgien en 2010.
Cambodia - The S-21 detention center is now part of the UNESCO World Heritage
At 95, Cambodian writer Chum Mey still stands in the courtyard of the Tuol Sleng Museum in Phnom Penh. He sells books there, his books, which tell of his time in this sinister state prison of which he was one of eight survivors found by Vietnamese soldiers in 1979 when they finally overthrew the Pol Pot regime. It all began in 1975. Pol Pot's first decision was to empty all the country's cities of their population to relocate them to the countryside. In the process, he abolished religion and currency and considered any form of Westernization and industrial and technological modernity suspect. The regime quickly descends into paranoia. Intellectuals and students are considered enemies of the regime. All you have to do is wear glasses to be arrested and sent to one of the country's 196 prisons, such as the S-21 detention center set up in a high school which will quickly become one of the regime's main tools of terror. Led by Kang Kek Ieu, alias “Douch”, it became a death machine for more than 18,000 people who were systematically photographed, as shown by the numerous archives found on site.The buildings were covered with barbed wire so that inmates would not commit suicide. The decision of life or death rested with the prison management.
Horror at every level
The former classrooms became cells and places of torture in which the prisoners lay on the ground, their feet attached to long iron bars by cast iron rings. The visit is striking. In 1979, the Vietnamese overthrew the Khmer Rouge. At S-21, only 8 survivors were found, 8 men and 4 children, hidden in a pile of clothes. Pol Pot and his accomplices found refuge in the jungle from where they continued to carry out guerrilla actions. Arrested in 1997, Pol Pot was sentenced to life imprisonment. He died in 1998. Douch, the director of S-21, was indicted in 2007 for crimes against humanity and was sentenced to 35 years in prison by the Cambodian genocide court in 2010.