Argentine, Les Petits-Enfants prennent la relève des Grands-Mères de la Place de Mai
Instaurée le 24 mars 1976, la dictature dirigée par le général Videla met rapidement en place une politique massive d'élimination des opposants. Environ 30 000 personnes auraient disparus dont une vingtaine de ressortissants français. Arrétés et torturés dans des centres de détention clandestins, ces opposants seront assassinés et leurs corps éliminés. Dans le même temps, les militaires organisent une véritable filière de vol d’enfants. Les enfants des prisonniers, considérés comme butin de guerre, sont «adoptés» par les familles de ceux-là même qui ont tués leurs parents. Environ 500 enfants auraient ainsi été volés. A l’époque, les seules à se révolter sont les mères et grands-mères des disparus.
Le 30 avril 1977, un groupe de 14 d’entre elles décide de manifester tous les jeudis autour de la Pyramide de Mai, sur la place du même nom, située en face de la Casa Rosada, le siège du gouvernement. A cette époque-là, les rassemblements publics de plus de trois personnes sont interdits. Les mères décident alors de marcher deux par deux autour de la Pyramide avec un fichu blanc sur la tête. Ce mouvement prend rapidement de l’ampleur et, grâce à la détermination de ces grands-mères, l’opinion internationale se mobilise qui permet la création d’une Banque Nationale des Données Génétique en mai 1987. Cette Banque abrite les cartes génétiques de 352 familles dont un enfant a disparu. A ce jour, environ 128 enfants volés ont été identifiés.
La relève des Petits-Enfants
Hélas, avec le temps, les figures historiques du mouvement des Grands-Mères de la place de Mai (María Eugenia Casinelli, María del Rosario de Cerruti, María Ester Ponce de Bianco, Hebe de Bonafini, Azucena Villaflor, Estela de Carlotto, Chicha Chorobik de Mariani, Taty Almeida...) se font vieilles et disparaissent. Nora Cortinas, présidente de l'organisation de défense des droits de l'homme Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora, est morte en mai dernier à l’âge de 94 ans. Mais leur engagement et leur dévouement ont formé une nouvelle génération de militants pour les droits humains en Argentine : Los Nietes, les Petits-Enfants.
Fondée en août 2019 dans la ville de La Plata, capitale de la province de Buenos Aires, l’organisation Nietes est composée en majorité de petits-fils et petites-filles de disparus politiques. Dopés par l’élection de Javier Milei, nostalgique de la dictature, ces jeunes, aidés par les réseaux sociaux, entendent bien continuer l’oeuvre de leurs ainées et enfin faire prévaloir la justice et rétablir la mémoire de toutes les victime de la dictature militaire. Sans oublier bien sûr les préoccupations propres à leur génération que sont le respect de la loi sur l'avortement, la lutte contre les féminicides et le changement climatique. Autant de thèmes que le président Milei ne cesse de fouler aux pieds depuis son élection en décembre 2023.
Argentina, the Granchidren are taking over the fight of the Grandmothers of Plaza de Mayo
Established on March 24, 1976, the dictatorship led by general Videla quickly implemented a massive policy of eliminating opponents. Around 30,000 people are believed to have disappeared, including around twenty French nationals. Arrested and tortured in clandestine detention centers, these opponents will be murdered and their bodies eliminated. At the same time, the military organized a veritable network of child theft. The children of prisoners, considered spoils of war, are “adopted” by the families of the very people who killed their parents. Around 500 children are reportedly stolen. At the time, the only ones to revolt were the mothers and grandmothers of the disappeared.
On April 30, 1977, a group of 14 of them decided to demonstrate every Thursday around the Pyramid of May, in the square of the same name, located opposite the Casa Rosada, the seat of government. At this time, public gatherings of more than three people are prohibited. The mothers then decide to walk two by two around the Pyramid of May with a white kerchief on their heads. This movement quickly grew and thanks to the determination of these grandmothers, international opinion mobilized which allowed the creation of a National Genetic Data Bank in May 1987. This Bank houses the genetic maps of 352 families including a missing child. To date, approximately 128 children of the missing have been identified.
The succession of Grandchildren
Sadly, the historical figures of the movement of the Grandmothers of May Square (María Eugenia Casinelli, María del Rosario de Cerruti, María Ester Ponce de Bianco, Hebe de Bonafini, Azucena Villaflor, Estela de Carlotto, Chicha Chorobik by Mariani, Taty Almeida...) are getting old. Nora Cortinas, president of the human rights organization Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora, died last May at the age of 94. But their commitment and dedication formed a new generation of human rights activists in Argentina, those of the Nietes, the Grandchildren.
Founded in August 2019 in the city of La Plata, capital of the province of Buenos Aires, the Nietes organization is made up mainly of grandsons and granddaughters of disappeared people. Boosted by the election of Javier Milei, nostalgic for the dictatorship, these young people, helped by social networks, intend to continue the work of their elders and finally ensure justice prevails and restore the memory of all the victims of the military dictatorship. Without forgetting of course the concerns specific to their generation such as respect for the law on abortion, the fight against feminicide and climate change. So many themes that President Milei has continued to trample on since his election in December 2023.