Sauver les églises, l'exemple hollandais
En France, envrion 5000 édifices religieux - sur environ 90 000 lieux de culte recensés - sont en mauvais état et nécessitent une intervention urgente. Pour les sauver, plusieurs solutions ont été émises par le gouvernement : souscription nationale, entrée payante de certains édifices réligieux (Notre-Dame de Paris), loto du patrimoine... En fait, le mal existe depuis 1905. Dès la promulgation de la loi décembre 1905 de séparation des Eglises et de l'Etat, des voix se sont élevées pour attirer l'attention sur le péril dans lequel allaient se retrourver nombre d'églises, principalement rurales.
Une des solutions, pourtant peu évoquée, serait la vente de ces édifices religieux au privé. Or, à ce jour en France, les ventes et réaffectations des églises et chapelles concernent à peine 255 églises diocésaines ou chapelles. Les exemples de réaffectations demeurent rares : centre culturel à Harcourt (Eure), cinéma à Cancale (Ille-et-Vilaine), logements sociaux dans le Doubs, hôtels (Couvent des Minimes en Provence, Sôzô hôtel à Nantes, Mercure à Poitiers...), musées ou centre d’art (Abbaye de Fontevraud, La Souterraine, monastère royale de Brou...) mais ce sont là des exceptions car la pratique choque ; non pas pour des raisons religieuses (seuls 10% des chrétiens vont à la messe chaque dimanche) mais plutôt pour des raisons sentimentales, les Français restant très attachés à leurs souvenirs de jeunesse, souvent passée en milieu rural où l’église rythmait alors la vie des villages.
Aux Pays-Bas, la réaffectation des monuments religieux est une affaire réglée depuis longtemps qui ne soulève plus de protestations. Le pragmatisme flamand a vite balayé les réticences et de plus en plus d’églises et de chapelles accueillent désormais lieux culturels, hôtels, cinéma et même boîte de nuit. A Amsterdam, les églises de Nieuw Kerk et de Oude Kerk accueillent expositions de photos et d’art contemporain. La boite de nuit Le Paradisio s’est intallée dans une ancienne église dès les années 70 et a accueilli nombre de concerts de rock (Rolling Stones, Sex Pistols...). L’église de Sainte-Rita est devenue le Bunk Hôtel. Le groupe hôtelier a aussi investi une autre église à Utrecht. A Maastricht, ville à l’avant-garde de ce mouvement du fait de ses nombreux édifices religieux, l’université occupe depuis longtemps déjà de nombreux lieux de culte. Quant à l’hôtel Kruisherenhotel, il a annexé un ancien couvent du XVe siècle. La nef de l'ancienne église est aujourd’hui le lobby et le restaurant de l’hôtel alors que les 60 chambres se répartissent dans le couvent. Maastricht abrite aussi la librairie Dominicanen, sans doute la plus belle du monde. Cela fait presque 20 ans que cette librarie a pris place en l'église gothique d’un monastère dominicain, construit au XIIIe siècle. Ses 50 000 livres sont entreposés dans une immense structure de verre et d’acier qui occupe l’essentiel de la nef. Le choeur quand a lui est devenu un restaurant où l’on s’attable autour d’une structure en forme de croix.
How to save churches, the Netherlands way
In France, almmost 5 000 religious buildings - out of around 90 000 places of worship identified - are in poor condition and require urgent intervention. To save them, several solutions were issued by the government: national subscription, paid entry to certain religious buildings (Notre-Dame de Paris), heritage lottery... In fact, the evil has existed since 1905. Since the promulgation of the December 1905 law for the separation of Churches and State, voices were raised to draw attention to the danger in which many churches, mainly rural, were going to find themselves.
One solution, although little mentioned, would be the sale of these religious buildings to the private sector. However, to date in France, the sales and reallocations of churches and chapels concern barely 255 diocesan churches or chapels. Examples of reallocations remain rare: cultural center in Harcourt (Eure), cinema in Cancale (Ille-et-Vilaine), social housing in Doubs, hotels (Couvent des Minimes in Provence, Sôzô hotel in Nante, Mercure in Poitiers, etc.). .), museums or art centers (Abbaye de Fontevraud, La Souterraine, royal monastery of Brou...) but these are exceptions because the practice is shocking; not for religious reasons (only 10% of Christians go to mass every Sunday) but rather for sentimental reasons, the French remaining very attached to their memories of youth, often spent in rural areas where the church then gave rhythm to life villages.
In the Netherlands, the repurposing of religious monuments is a long-settled matter which no longer gives rise to protests. Flemish pragmatism quickly swept away any reluctance and more and more churches and chapels now host cultural venues, hotels, cinemas and even nightclubs. In Amsterdam, the Nieuw Kerk and Oude Kerk churches host photo and contemporary art exhibitions. The Le Paradisio nightclub was set up in a former church in the 1970s and hosted a number of rock concerts (Rolling Stones, Sex Pistols, etc.). The church of Sainte-Rita has become the Bunk Hotel. The hotel group has also invested in another church in Utrecht. In Maastricht, a city at the forefront of this movement due to its numerous religious buildings, the university has long occupied numerous places of worship. As for the Kruisherenhotel, it annexed a former 15th century convent. The nave of the old church is today the hotel's lobby and restaurant, while the 60 rooms are distributed throughout the convent. Maastricht is also home to the Dominicanen bookstore, undoubtedly the most beautiful in the world. It has been almost 20 years since this Gothic church of the Dominican monastery, built in the 13th century, became a bookstore with more than 50,000 books stored in a glass and steel structure which occupies the entire nave. The choir has become a restaurant where you sit around a cross-shaped structure.