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Asclépios et sa croix
Voilà maintenant trois décennies qu'Hyderabad s'impose comme un acteur majeur dans le domaine pharmaceutique, se targuant des titres flatteurs de "capitale mondiale des vaccins" et de "capitale des sciences de la vie". Des distinctions qui dissimulent une réalité bien plus sombre.
Dans la ville et ses environs, des centaines d'industries pharmaceutiques nationales et internationales, telles que Pfizer ou Mylan, ont élu domicile, leur nom résonnant parfois comme un symbole de survie face à la pandémie de Covid-19.
Au-delà de la simple consommation, l'eau est devenue non seulement inapte à un usage domestique courant, mais elle a aussi transformé des villages en véritables déserts biologiques, rendant les terres autrefois fertiles, inadéquates pour une agriculture pourtant prospère dans la région. Mais c'est bien plus qu'un enjeu écologique ; c'est une crise sanitaire qui prend forme.
Il existe une augmentation des maladies dans les zones proches des industries pharmaceutiques, alertée par les activistes locaux. Une situation qui ne fait que s'aggraver, d'autant plus que l'État du Telangana envisage la construction d'une "Pharma City" à 60 km au sud de la ville.
Un projet applaudis par le gouvernement, ravi de l'arrivée massive de l'industrie pharmaceutique, dont les revenus des entreprises actuelles sont estimés à environ 40 milliards de dollars.
Cependant, derrière ce chiffre imposant, se cache une réalité douloureuse. Les bénéfices ne profitent évidemment pas à la partie affectée par la pollution, entraînant un déclin économique rural. Les agriculteurs et les professions liées à ce secteur se retrouvent à perdre leur gagne-pain, mettant fin à des villages entiers dont l'économie circulaire, stimulée par l'agriculture, est désormais à l'arrêt.
Des sociétés privées d'épuration des eaux comme rempart essentiel pour atténuer la pollution générée par ces entreprises ont pourtant été instaurées par le gouvernement. Cependant, la dure réalité, telle qu'évoquée par Anil Dayanakar, un activiste particulièrement impliqué dans cette cause, réside dans "la corruption entre ces sociétés et le gouvernement qui surpasse de loin le traitement de l'eau".
Cette problématique écologique et sanitaire risque de ne pas se limiter à la ville et sa périphérie, mais de s'étendre à l'ensemble du pays, avec la création de différents sites pharmaceutiques où, parfois, les rejets d'eau se font directement dans la mer, comme cela semble être le cas à Visakhapatnam, ville située à 800 kilomètres d’Hyderabad. Ici les cas de cancer prospèrent et l'économie des pêcheurs s'évapore.
Asclepius and his cross
For three decades now, Hyderabad has established itself as a major player in the pharmaceutical field, boasting the flatter titles of ‘vaccine capital of the world’ and ‘life sciences capital’. Distinctions that conceal a much darker reality.
In and around the city, hundreds of national and international pharmaceutical industries, such as Pfizer or Mylan, have made their home, their names sometimes sounding like a symbol of survival in the face of the Covid-19 pandemic.
Beyond simple consumption, the water has not only become unfit for routine domestic use, but has also turned villages into veritable biological deserts, rendering once-fertile land unsuitable for agriculture, which is nevertheless thriving in the region. But it's much more than an ecological issue; it's a health crisis that's taking shape.
Local activists have warned of an increase in disease in areas close to the pharmaceutical industry. The situation is only getting worse, especially as the state of Telangana is planning to build a ‘Pharma City’ 60 km south of the city.
A project applauded by the government, which is delighted with the massive influx of the pharmaceutical industry, whose current companies' revenues are estimated at around 40 billion dollars.
However, behind this imposing figure lies a painful reality. The benefits obviously do not profitent to the part affected by the pollution, leading to rural economic decline. Farmers and related occupations find themselves losing their livelihoods, bringing finds of villages to a standstill as the circular economy, driven by agriculture, grinds to a halt.
Private water treatment companies have been set up by the government as an essential bulwark against the pollution generated by these companies. However, the harsh reality, as described by Anil Dayanakar, an activist particularly involved in this cause, is that ‘the corruption between these companies and the government far outweighs water treatment’.
This environmental and health problem is likely to extend beyond the city and its outskirts to the whole country, with the creation of various pharmaceutical sites where, in some cases, water is discharged directly into the sea, as seems to be the case in Visakhapatnam, a town 800 kilometres from Hyderabad. Here, cases of cancer are thriving and the fishermen's economy is evaporating.