LIBAN SUD : ceux qui restent
Près de 100 000 personnes ont fui le Liban sud après plus de 9 mois d'affrontements entre le Hezbollah et l'armée israélienne. La ville de Naqoura, située à 5 kilometres de la frontière, est détruite en bonne partie. Un peu plus loin, le village chrétien d'Alma el-Chaab est désormais presque vidé de ses habitants. Sur les 900 personnes qui vivaient ici à l'année, seulement une centaine y est restée malgré les bombardements réguliers. Situé à 1,5 kilomètre de la frontière sud, sur une colline qui surplombe la ligne bleue, Alma el-Chaab connait des bombardements réguliers depuis le mois d'octobre 2023.
Nabil, habitant du village, a décidé de rester. Il fait régulièrement le tour des habitations voisines détruites par les frappes israéliennes pour y faire l'inventaire des dégâts et donner des nouvelles aux familles.
Amal et Milad N., eux, sont revenus au village il y a environ 3 ans. Après l'explosion du port de Beyrouth, ils ont décidé de quitter la capitale pour revenir vivre dans leur village du sud. Aujourd'hui, ils construisent leur maison dans un quartier où une bonne partie des habitations a été détruite par des frappes israéliennes. "On a l'habitude des catastrophes malheureusement. Si demain notre maison est bombardée, alors on la construira à nouveau. C'est comme ça au Liban", explique Amal.
Milad A. est agriculteur. Son champ d'avocatiers a été brûlé suite à une frappe en février 2024. Depuis, Milad s'est équipé en réservoirs d'eau au cas où cela se reproduisait mais il refuse de quitter sa maison. Aussi, le coût de la vie à Beyrouth est tellement élevé qu'il n'en aurait pas les moyens. "Je n'ai plus aucun revenu, l'Etat ne nous aide pas, comment je pourrais payer un loyer dans la capitale ? Le reste des Libanais a tendance à croire que nous, les habitants du sud, sommes immunisés aux guerres, alors qu'on souffre comme tout le monde. Il va me falloir 20 ans avant de retrouver le rendement de mon exploitation agricole, mais dans 10 ans il y aura encore une nouvelle guerre. A quoi bon."
SOUTHERN LEBANON: those who remain
Almost 100,000 people have fled southern Lebanon after more than 9 months of fighting between Hezbollah and the Israeli army. The village of Naqoura, 5 kilometers from the border, is almost entirely destroyed. The Christian village of Alma el-Chaab is now almost devoid of inhabitants. Of the 900 people who used to live here year-round, only a hundred or so have remained, despite regular bombardments. Located 1.5 kilometers from the southern border, the village has been under regular bombardment since October 2023.
Nabil, a resident of the village, regularly goes round the neighboring houses destroyed by Israeli strikes to take stock of the damage and give news to the families.
Amal and Milad N. returned to the village around 3 years ago. After the Beirut port explosion, they decided to leave the capital and return to their village in the south. Today, they are building their house in a neighborhood where many of the houses were destroyed by Israeli strikes. "Unfortunately, we're used to disasters. If our house is bombed tomorrow, we'll build it again", explains Amal.
Milad A. is a farmer. His avocado field was burnt down by a strike in February 2024. Since then, Milad has bought water tanks in case it happens again, but he refuses to leave the south. Also, he can't afford to: the cost of living in Beirut is so high that he wouldn't be able to afford it. "I don't have any income, the government doesn't help us, how could I pay rent in the capital? The Lebanese tend to think that we southerners are immune to war, when in fact we're suffering just like everyone else. It's going to take me 20 years to get my farming back on track, but in 10 years there'll be another war. What's the point?"