Mariama Bâ, l'excellence made in Sénégal
Chaque année, 35 élèves sont recrutées sur concours pour l'entrée en classe de sixième. Uniquement des jeunes filles, originaires de tout le Sénégal. Les meilleures de leur école. Elles formeront une seule classe, jusqu'au baccalauréat. Créée en 1978 par le président Léopold Sédar Senghor, elle fût implantée au Cap-Manuel.
L'admission était réservée uniquement aux jeunes filles ayant une moyenne supérieure à la moyenne générale de leur classe et dont l'un des parents a reçu la médaille de l'ordre national du lion.
Depuis 2014, l'admission à l?école se fait uniquement par concours, ouvert aux 150 premières filles issues de l'examen d'entrée en sixième et âgées de 13 ans tout au plus. Les candidates ont droit à des épreuves de français et de mathématiques. Seulement 35 sont retenues.
Originalement appelée M.E.O.N.L (Maison d'Éducation de l'Ordre National du Lion), l'établissement scolaire fût délocalisé sur l'île de Gorée en 1979, et passa, la même année, sous le régime d?internat.
Après plusieurs changements de nom, c'est en 1985, suite à un décret, qu'elle prit le nom de Maison d'Éducation Mariama Bâ (M.E.M.BA) en hommage à cette écrivaine.
Les élèves arrivent le dimanche soir, ou le lundi matin via la chaloupe qui assure la liaison entre l'île et le continent. Elles y restent la semaine, et rentrent chez elles chaque weekend ou toute les deux semaines en fonction des périodes de révisions.
L'entrée de l?établissement est reconnaissable grâce à sa grande grille surmontée d'un panneau indiquant le nom de l'école. C'est l'école de l'excellence au Sénégal. En passant devant, les guides l'indiquent bien au groupes de touristes qui viennent visité l'île.
Il est 10h, une soixantaine d'élèves rentrent dans l'établissement. Elles reviennent de leur cours de sport. Il y a deux classes. Les dernières élèves rentrent, elles discutent avec leurs professeurs.
Toutes, s'arrêtent à la Sandwicherie, prendre leur encas.
10h est l'heure de pause, seulement une dizaine de minutes. Les autres élèves qui étaient en classe depuis huit heures du matin, descendent à leur tour. Elles prennent un thé, dans un gobelet en carton. D'autres sont assises sur les marches de l'amphithéâtre. Elles discutent, rigolent, et d'autres révisent. En contrebas de l'amphithéâtre, une dame vend des beignets à la noix de coco. Elle s'est installée sous un arbre. Devant elle, une queue s'est formée. Elle vient tous les matins. Celle ci habite sur l'île, et on peut l'apercevoir parfois la journée, portant sur la tête sa boîte en plastique remplie de beignets.
Puis la pause se finit. Les terminales ont cours de mathématiques. Elles rejoignent leur salle de cours. Les salles sont dans un bâtiment à étages, à deux pas de l'amphithéâtre. Elles font une quarantaine de mètres carrés, les tables y sont disposées sur la longueur, en trois ou quatre rangées. Face à elles, un grand tableau vert. Ici, on utilise des craies pour écrire et une éponge laissée flottante dans un sceau d'eau au pied du tableau. Leur professeur est dans la salle, à son bureau, son sandwich posé à côté de l'ordinateur. Ce sont les professeurs qui vont et viennent dans les salles de classe.
Les élèves arrivent, retrouvent leur bureau. En terminale comme en première et seconde, il y a deux classes de 15 élèves par niveau.
Une élève se lève et marche en direction du bureau du professeur, qui allait s'aventurer à la dégustation de son repas. Elle s'assoit à côté de lui avec un exercice, tout deux se lancent dans la correction du devoir. Quelques instants après, une autre élève se lève pour aller effacer le tableau vert. Elle le nettoie, puis prend une craie et écrit l'énoncé. Les autres étudiantes dans l?assemblée se sont tues. Le silence est roi. Toutes scrutent leur camarade devant elles. Petit à petit, les équations grouillent sur le tableau, des chiffres, des lettres, des signes. Tout est calme. Au fond de la classe, deux élèves s'entraident sur un autre devoir.
La semaine prochaine, elles seront en composition, les examens trimestriels.
Pendant l'année scolaire, elles ont trois périodes de composition, auxquelles s'ajoutent leurs notes, qui compteront pour l'examen du bac, le contrôle continue l'oblige.
Dans la classe, l'ambiance est paisible, loin de la rigueur quasi militaire de l'école.
Elles font leurs devoirs en autonomie, corrigent les exercices entre elles ou avec leur professeur.
Les heures passent, le cours de physique commence. Les cours s?enchainerons toute la journée, français, sciences, histoire-géographie, langues, jusqu'au soir.
En fonctions des actualités de l'école, mais aussi du calendrier national, des fêtes sont organisées dans l'enceinte de l'établissement et sont les élèves qui s'en chargent. Noël en fait parti. Cette année, ce sont les élèves de seconde qui l'ont organisé. Des décorations à l'installation des tables, en passant par le repas, où elles ont aidées les cuisinières de l'école, elles ont toutes participé. En amont, dès le début du mois de décembre, elles ont initiées un « père-noël secret » : chaque élève de l'école a tiré au sort une autre élève. Pendant tout le mois, elles ont préparé leur cadeau avec une lettre, et, le jour de la fête de Noël de l'école, elles se les ont offerts.
« Cette initiative permet de resserrer les liens entre les élèves des différents niveaux » explique Asmae, une élève de terminale. « Ici, on reste de la sixième à la terminale, c'est long, et les élèves peu importe leur niveau, deviennent une famille. C'est surtout important pour celles qui viennent d'arrivées, elles peuvent être perdues. Pour moi, ça a été très dur au début. Etre loin de ses parents c'est dur, au début. On s'y habitue. Puis on crée des liens très forts ici. »
Le repas de fête a été choisi par un vote des élèves: poulet frites. S'en est suivi un défilé de mode avec l'élection de la plus belle tenue, le tout en musique, à la sono, les élèves de seconde, avec une playlist digne d'une soirée en boite de nuit. Tout le monde s'est mis à danser, certaines élèves même avec les surveillantes, oubliant pendant quelques minutes la rigueur de l'école.
Un exemple de rigueur, chaque lundi et vendredi, les élèves se rassemblent autour du mât de l'école, pour monter et descendre le drapeau. Toutes, en rang, silencieuses. Deux élèves sont au pied du mât. Il est 8 heures du matin, le jour se lève. Une autre élève sort des rangs, et commence à entonner l'hymne national, repris par ses camarades.
Lorsque l'hymne est fini, elles quittent en rang et toujours dans l'ordre la cour en direction de leurs salles. Elles y auront une heure d'étude avant le début des cours, ainsi vont leurs journées à l'école.
La rigueur de l'école se voit aussi sur ses élèves, toutes saluent les professeurs en s'abaissant, telle une révérence, et portent l'uniforme: des tenues bleues, la couleur de l'école.
Leurs garde-robes sont constituées d?une déclinaison de robes, de polos, pulls et ensemble de sport. Certaines porte un voile, blanc ou noir.
Quant aux coiffures, les cheveux doivent être attachés. Les locks, les tresses ou les cheveux teints sont eux interdits.
En classes, seules les terminales sont autorisées à avoir leurs ordinateurs et téléphones avec elles. Elles s'en servent pour étudier. Elles y copient parfois leurs cours. Ceci les prépare à la vie après l'école, à l'université.
Dans la classe de terminale, certaines élèves se font remarquées par leurs assiduité. Quelques unes d'entres elles savent déjas ce qu'elles souhaite pour leur avenir.Par exemple, Asmae elle, veut rester au Sénégal, pour étudier la médecine et intégrer le service de santé des armées du pays ou être chercheuse dans ce domaine. Ici, le service militaire est proposé à tous les jeunes, filles comme garçons entre 18 et 23 ans. Après son service, elle aimerait devenir chercheuse en médecine, ou du moins travailler dans ce milieu.
Ndaiye Fatou elle souhaite faire des études de politique en France, à Paris. Adama et Khadija elles, voudraient étudier les finances internationales.
Beaucoup de terminales, comme l'espère Asmae, Ndaiye Fatou, Adama ou Khadija, iront dans de grandes écoles. Certaines d'entres elles seront les prochaines personnalités politiques, intellectuelles et scientifiques du pays et même du continent.
Mariama bâ, Senegalese excellence.
Each year, 35 students are recruited on competition for entry into sixth grade. Only young girls, from all over Senegal. The best of their school. They will form a single class, until the baccalaureate. Created in 1978 by President Léopold Sédar Senghor, it was established in Cap-Manuel.
Admission was reserved only for young girls with an average above the general average of their class and one of whose parents received the medal of the National Lion Order.
Since 2014, admission to school is only by competition, open to the first 150 girls from the entrance exam in sixth grade and at most 13 years old. Candidates are entitled to French and math tests. Only 35 are retained.
Originally called M.E.O.N.L (House of Education of the National Order of the Lion), the school was relocated to the island of Gorée in 1979, and passed, the same year, under the boarding school regime.
After several name changes, it was in 1985, following a decree, that she took the name of Maison d'Éducation Mariama Bâ (M.E.M.BA) in tribute to this writer.
Students arrive on Sunday evening, or on Monday morning via the boat that provides the connection between the island and the mainland. They stay there for the week, and go home every weekend or every two weeks depending on the revision periods.
The entrance to the school is recognizable thanks to its large grid surmounted by a sign indicating the name of the school. It is the school of excellence in Senegal. Passing in front, the guides indicate it well to the groups of tourists who come to visit the island.
It's 10 a.m., about sixty students are returning to the school. They are coming back from their sports class. There are two classes. The last students come home, they talk with their teachers.
All stop at the Sandwich Shop, take their snacks.
10am is the break time, only about ten minutes. The other students who had been in class since eight o'clock in the morning, go down in turn. They have tea in a cardboard cup. Others are sitting on the steps of the amphitheatre. They discuss, laugh, and others review. Below the amphitheatre, a lady sells coconut donuts.'s. She settled under a tree. In front of her, a tail formed. She comes every morning. She lives on the island, and you can sometimes see her during the day, carrying her plastic box filled with donuts on her head.
Then the break ends. Terminals have mathematics classes. They join their classroom. The rooms are in a two-storey building, close to the amphitheatre. They are about forty square meters, the tables are arranged along the length, in three or four rows. In front of them, a large green board. Here, chalks are used to write and a sponge left floating in a water seal at the foot of the painting. Their teacher is in the room, at his office, his sandwich placed next to the computer. It is the teachers who come and go to the classrooms.
The students arrive, find their office. In the final year as well as in the first and second, there are two classes of 15 students per level.
A student gets up and walks towards the teacher's office, who was going to venture to taste his meal. She sits next to him with an exercise, both of them embark on the correction of the duty. A few moments later, another student gets up to erase the green board. She cleans it, then takes a chalk and writes the statement. The other students in the assembly were silent. Silence is king. All scrutinize their comrade in front of them. Little by little, the equations are swarming on the board, numbers, letters, signs. Everything is calm. At the back of the class, two students help each other on another assignment.
Next week, they will be in composition, the quarterly exams.
During the school year, they have three composition periods, to which are added their grades, which will count for the baccalaureate exam, continuous control requires it.
In the classroom, the atmosphere is peaceful, far from the quasi-military rigor of the school.
They do their homework independently, correct the exercises with each other or with their teacher.
The hours go by, the physics class begins. Classes will follow all day, French, science, history-geography, languages, until the evening.
According to the school's news, but also the national calendar, parties are organized within the school and are the students who take care of them. Christmas is one of it. This year, it was the second-year students who organized it. From decorations to the installation of the tables, to the meal, where they helped the school cooks, they all participated. Upstream, from the beginning of December, they initiated a "secret Santa Claus": each student in the school drawn another student. Throughout the month, they prepared their gift with a letter, and on the day of the school Christmas party, they offered them to each other.
"This initiative strengthens ties between students at different levels," explains Asmae, a final year student. "Here, we stay from the sixth to the final year, it's a long time, and students, regardless of their level, become a family. This is especially important for those who come from arrivals, they can be lost. For me, it was very hard at first. Being away from your parents is hard at first. We get used to it. Then we create very strong links here. ?
The festive meal was chosen by a vote of the students: fried chicken. This was followed by a fashion show with the election of the most beautiful outfit, all in music, on the sound system, the second grade students, with a playlist worthy of an evening in a nightclub. Everyone started dancing, some students even with the supervisors, forgetting for a few minutes the rigor of the school.
An example of rigor, every Monday and Friday, students gather around the school mast, to raise and lower the flag. All, in a row, silent. Two students are at the foot of the mast. It's 8 a.m., the day rises. Another student comes out of the ranks, and begins to sing the national anthem, taken up by her classmates.
When the anthem is over, they leave the courtyard in line and always in order towards their rooms. They will have an hour of study there before the start of classes, so go their days at school.
The rigor of the school can also be seen on its students, all greet the teachers by lowering themselves, like a bow, and wear the uniform: blue outfits, the color of the school.
Their wardrobes consist of a range of dresses, polo shirts, sweaters and sports sets. Some wear a veil, white or black.
As for hairstyles, the hair must be tied. Locks, braids or dyed hair are prohibited.
In classes, only terminals are allowed to have their computers and phones with them. They use it to study. They sometimes copy their courses there. This prepares them for life after school, at university.
In the final year class, some students are noticed by their attendance. Some of them already know what they want for their future. For example, Asmae wants to stay in Senegal, to study medicine and join the health service of the country's armies or be a researcher in this field. Here, military service is offered to all young people, girls and boys between the ages of 18 and 23. After her service, she would like to become a medical researcher, or at least work in this field.
Ndaiye Fatou wants to study politics in France, in Paris. Adama and Khadija would like to study international finance.
Many terminals, as Asmae, Ndaiye Fatou, Adama or Khadija hope, will go to high schools. Some of them will be the next political, intellectual and scientific personalities of the country and even of the continent