Répression contre un prisonnier politique kurde
En 2012, Civan a 20 ans lorsqu’il rejoint les montagnes et la lutte armée pour la cause kurde. Il est arrêté par l’armée turque lors d’un combat où il se blesse grièvement en jetant une bombe. Inconscient et envoyé à la morgue de l’hôpital de Bingol, le personnel médical se rend compte qu’il est toujours vivant. Il a perdu son bras droit, la vue de son œil gauche et son corps est criblé de 66 éclats de bombe. A l’hôpital, les médecins refusent de l’opérer. Jugé et condamné à la perpétuité, il est enfermé, toujours blessé, à la prison de haute sécurité de Bolu où il continue de subir des actes de tortures comme connaissent beaucoup d'autres prisonniers kurdes.
Ses parents, décrivent certaines pratiques qui ont lieu dans cette prison : "insultes et fouilles nocturnes des cellules, Civan se voit régulièrement confisquer ses vêtements et ses couvertures. A cause de la maltraitance, certains de ses doigts ont été partiellement amputés".
Depuis, des ONG, partis politiques et avocats font pression sur le gouvernement pour exiger sa libération. Des rapports médicaux établis en 2016 dans les hôpitaux de Diyarbakir et Ankara concluent que son état de santé ne contre-indique pas la mise en application de sa peine d’emprisonnement, ce que réfutent sa famille et les organisations qui militent pour sa révision de peine. Le 12 février 2019, la Cour Européenne des droits de l’homme saisie par Civan et son avocat, ordonne à l’état turc de mettre fins aux sévices et à sa rétention, or la demande a été rejetée. La saisine mentionne que les conditions de détention inhumaines ne sont pas supportables pour une personne détenue aussi grièvement blessée.
Aujourd’hui Civan est toujours emprisonné au centre pénitencier de Bolu avec de nombreux éclats de bombes dans le corps. Sa mère, Nazime Boltan, ne l’a pas vu depuis sept ans.
Texte : Léa Thomas
Repression against Kurdish political prisoner
In 2012, Civan was 20 years old when he joined the mountains and the armed struggle for the Kurdish struggle. He was arrested by the Turkish army during a battle, and seriously injured when he threw a bomb. Unconscious and sent to the morgue at Bingol hospital, the medical staff realized that he was still alive. He had lost his right arm, the sight in his left eye and his body was riddled with 66 bomb fragments. At the hospital, the doctors refused to operate.Tried and sentenced to life imprisonment, he was locked up, still wounded, in the high-security prison of Bolu, where he continued to suffer the same torture as many other Kurdish prisoners.
His parents describe certain practices that take place in this prison: “insults and night-time cell searches, Civan regularly has his clothes and blankets confiscated. Because of the mistreatment, some of his fingers have been partially amputated”.
Since then, ONGs, political parties and lawyers have been putting pressure on the government to demand his release. Medical reports drawn up in 2016 in hospitals in Diyarbakir and Ankara concluded that his state of health did not contraindicate the enforcement of his prison sentence, a view refuted by his family and organizations campaigning for his sentence to be reviewed. On February 12, 2019, the European Court of Human Rights, seized by Civan and his lawyer, ordered the Turkish state to put an end to the abuse and his detention, but the request was rejected. The referral states that the inhumane conditions of detention are unbearable for such a seriously injured prisoner.
Today, Civan is still imprisoned in the Bolu penitentiary with numerous bomb fragments in his body. His mother, Nazime Boltan, has not seen him for seven years.
Texte : Léa Thomas