Au Kurdistan turc, les survivants du tremblement de terre privés d'eau
Canalisations et infrastructures détruites, pollution des rivières, eau contaminée, abandon de l'état, corruption... Depuis le tremblement de terre dévastateur ayant frappé le Sud-est de la Turquie et le Nord-ouest de la Syrie le 6 février dernier, tuant au moins 50 000 personnes, l'eau est devenue, plus que jamais, une ressource rare.
Dans cette région déjà meurtrie par des années de conflits politiques, les rescapés à majorité kurdes et syriens sont livrés à eux-mêmes et tentent de survivre dans des conditions insalubres où les risques sanitaires demeurent très élevés.
Dans la province de Semsûr (Adiyaman), dévastée par le séisme, la question de l'accès à l'eau est cruciale. Ahmethoca s'est transformé en décharge à ciel ouvert, l'État y déverse ses déchets générés par le séisme. Déchets pour la plupart à base d'amiante qui empoisonnent les rivières ainsi que les villageois.
Plus loin dans le village de Binevler, les habitants attendent désespérément l'eau, distribuée au compte goutte par des entreprises privées une seule fois dans la semaine. Dans les nombreux campements installés dans ce qui reste du centre de Semsûr (Adiyaman), les femmes seules veillent à la gestion de la ressource en eau pour toute la famille et s'inquiètent de voir apparaitre des maladies. C'est le quotidien de ces minorités, déjà persécutées par le gouvernement et qui craignent les sécheresses à venir.
No water for earthquake survivors in Turkish Kurdistan
Pipelines and infrastructure destroyed, rivers polluted, water contaminated, state neglect, corruption... Since the devastating earthquake that struck south-east Turkey and north-west Syria on 6 February, killing at least 50,000 people, water has become a scarcer resource than ever.
In a region already battered by years of political conflict, the mostly Kurdish and Syrian survivors are left to fend for themselves, trying to survive in unsanitary conditions where health risks remain very high.
In the province of Semsûr (Adiyaman), devastated by the earthquake, the issue of access to water is crucial. Ahmethoca has been transformed into an open-air landfill, where the state dumps the waste generated by the earthquake. Most of this waste is asbestos-based, poisoning rivers and villagers alike.
Further on in the village of Binevler, the inhabitants are desperately waiting for water, which is distributed piecemeal by private companies once a week. In the many camps set up in what remains of the centre of Semsûr (Adiyaman), single women look after the water supply for the whole family and worry about the outbreak of disease. This is the daily life of these minorities, already persecuted by the government and who fear the coming droughts.