Les visages de Belle-Ile
Ce reportage est avant tout une invitation à (re)découvrir Belle-île d'un oeil neuf, car il est rare d'oser la présenter sans se focaliser sur ses paysages époustouflants, sa nature sauvage et préservée. Belle-île n'échappe pas à la règle des destinations balnéaires les plus touristiques. Ses panoramas ont donné à l'île ses lettres de noblesse et en ont fait un site extrêmement fréquenté en saison.
Mais c'est oublier qu'à l'intérieur de ses 84 kilomètres de sentier côtier se trouve une grande partie de la vie de l'île. Répartis sur 4 communes (Le Palais, Sauzon, Bangor et Locmaria), nichés entre les champs et les vallons, plus de 140 villages sont recensés, abritant les quelque 5 000 bellilois vivant ici à l'année.
A la recherche des bellilois natifs dans chacun des villages, ces photos proposent de quitter le bord de mer pour plonger au coeur de l'île et la révéler sous le prisme de ses habitants et de ses petits hameaux.
Loin de la frénésie touristique du bord de mer, ils sont beaucoup moins marqués par le passage du temps. Ils témoignent cependant d'un phénomène démographique de plus en plus marqué en France : les résidences secondaires. Environ 60% des logements de l'île en sont. Aujourd'hui, sur 142 localités recensées, 23 ne comptent plus aucun bellilois de naissance et nombreux sont ceux où il n'en reste qu'une poignée, créant parfois de véritables villages fantômes en hiver.
On ne peut prétendre connaître Belle-île sans connaître ses bellilois : le lien et l'influence qu'ils exercent l'un sur l'autre sont extrêmement forts. Cela se ressent jusque dans la toponymie : nombreux sont les villages où l'on ne trouve qu'une ou deux familles, certaines donnant même leur nom auxdits villages (Samzun, Kerdaigre, Kerhuel etc).
Chaque portrait est comme un visage intemporel de l'île qu'il convient de faire perdurer. Vient s'ajouter un sentiment que le moment choisi est sinon le bon, peut-être le dernier. En effet, sans maternité, le nombre d'insulaires natifs de l'île diminue grandement et rares sont ceux désormais à ne pas naître sur le continent. Aujourd'hui, accoucher à Belle-île découle d'une impossibilité de rallier le continent par la mer ou par les airs, durant les jours de tempête. Ceux dont vous allez découvrir le visage figurent parmi les derniers natifs.
Il ne s'agit pas de les tenir pour seuls représentants du contingent bellilois, car, qui peut dire ce qu'est vraiment être bellilois ? Être issu d'une famille installée à Belle-île depuis des générations ? Y vivre depuis sa plus tendre enfance (même en étant originaire du continent) ? Y être simplement né ? Autant de réponses potentielles à cette épineuse question. Ces photos n'ont pas pour but d'y répondre, simplement de proposer un échantillon des milles et une façon de vivre Belle-île.
The faces of Belle-Ile
This report is above all an invitation to (re)discover Belle-Île with a new eye, because it is rare to dare to present it without focusing on its breathtaking landscapes, its wild and preserved nature. Belle-Île is no exception to the rule of the most touristic seaside destinations. Its panoramas have given the island its letters of nobility and have made it an extremely popular site in season.
But this is to forget that within its 84 kilometers of coastal path is a large part of the life of the island. Spread over 4 communes (Le Palais, Sauzon, Bangor and Locmaria), nestled between fields and valleys, more than 140 villages are listed, home to the 5,000 or so inhabitants of Bellil who live here all year round.
In search of the native Bellilois in each of the villages, these photos propose to leave the seaside to dive into the heart of the island and reveal it under the prism of its inhabitants and its small hamlets.
Far from the tourist frenzy of the seaside, they are much less marked by the passage of time. However, they bear witness to a demographic phenomenon that is becoming increasingly marked in France: second homes. Approximately 60% of the island's homes are second homes. Today, out of 142 localities listed, 23 no longer have any native Bellilois and many are those where only a handful remain, sometimes creating real ghost villages in winter.
One can' t claim to know Belle-île without knowing its inhabitants: the link and the influence that they exert on each other are extremely strong. This can be felt even in the toponymy: there are many villages where only one or two families can be found, some of them even giving their name to the said villages (Samzun, Kerdaigre, Kerhuel etc).
Each portrait is like a timeless face of the island that should be kept alive. Added to this is a feeling that the moment chosen is, if not the right one, perhaps the last. Indeed, without a maternity hospital, the number of islanders born on the island is greatly diminishing and few are those who are not born on the mainland. Today, giving birth on Belle-île is the result of the impossibility of reaching the mainland by sea or by air during stormy days. Those whose faces you are about to discover are among the last natives.
It is not a question of holding them as the only representatives of the Bellilois contingent, because who can say what it really means to be Bellilois ? To come from a family that has been living on Belle-Île for generations ? To have lived there since your childhood (even if you are originally from the mainland) ? Or simply being born there ? So many potential answers to this thorny question. These photos are not intended to answer this question, but simply to offer a sample of the thousand and one ways of living on Belle-Île.