Adrar, un reportage au coeur de l'Atlas au Maroc.
Un reportage dans la vallée d'Aït Bougmez, au Maroc.
Dans le mythe Grec, le géant Atlas est condamné par Zeus à supporter sur ses épaules la voûte céleste. Le nom Atlas pourrait dériver du mot Adrar qui signifie « montagne » en langue tamazight (berbère). La vallée d'Aït Bougmez est connue sous le nom de « la vallée heureuse » ou « la vallée des gens heureux ». Elles est située à la limite Est de la province d'Azilal à une altitude comprise entre 1800 et 2300 m au Nord du Massif du M'goun culminant à 4068 m. Elle étire sa verdure sur quelques trentaines de kilomètres et compte 27 villages d'une architecture ancestrale de terre battue et une population d'environ 20.000 habitants. L'agriculture irriguée est un fait marquant en terme de paysage, et socialement en terme de coordination des acteurs. Les cultures maraîchères, les arbres fruitiers et les céréales constituent l'activité principale, tandis que l'activité pastorale occupe la deuxième ressource. Les villages du Haut Atlas rassemblés autour du grenier collectif (Igherm) ou de la maison forte (tighermt) surplombent les vallées.
Dans cette Vallée Berbère du Haut Atlas l'homme est le protecteur de la famille, tandis que la femme, très active, représente son pilier, symbole de la chaleur du foyer. Elles commencent la journée en s'occupant des enfants et en effectuant les tâches domestiques. Ensuite, elles rejoignent le fond de la vallée pour travailler dans les champs, prendre soin des troupeaux, faire la lessive dans la rivière et ramasser du bois pour le feu. Elles portent très souvent de lourdes charges.
« Oui, ce sont les femmes qui portent les lourds fardeaux ici. C'était ainsi du temps de mon père et de mon grand-père, c'est notre tradition. Certains pensent que c'est mauvais pour la réputation d'un homme s'il fait le travail d'une femme. Les hommes, réalisent les travaux comme la construction de maisons en pisé ou l'entretien des canaux d'irrigation. Certains quittent aussi le village à cause du manque de travail. En général, ils gagnent tout juste assez pour vivre, travaillent pour six ou sept euros par jour, mais la vie en ville coûte plus chère. Les familles n'en profitent pas, ni le village. Quand l'homme part en ville toutes les tâches reposent alors sur les épaules de son épouse. Les femmes ont beaucoup à faire pendant la journée. C'est pour ça que j'espère qu'au moins une de mes filles se mariera avec un homme extérieur à la vallée, pour avoir une vie meilleure, ou avoir une bonne éducation, même si nous ne pouvons pas économiser assez d'argent pour payer les frais de scolarité. Nous ferons de notre mieux. »
Adrar, a report in the heart of the Atlas in Morocco.
A report in the valley of Ait Bougmez, Morocco.
In the Greek myth, the giant Atlas is condemned by Zeus to support on his shoulders the celestial vault. The name Atlas may derive from the word Adrar which means "mountain" in Tamazight (Berber) language. The Ait Bougmez Valley is known as the "happy valley" or "the valley of happy people". It is located at the eastern limit of the province of Azilal at an altitude between 1800 and 2300 m north of the M'goun Massif culminating at 4068 m. It stretches its greenery on some thirty kilometers and has 27 villages with an ancient architecture of clay and a population of about 20,000 inhabitants. Irrigated agriculture is a landmark in terms of landscape, and socially in terms of coordination of actors. Market gardening, fruit trees and cereals are the main activity, while pastoral activity is the second most important resource. The villages of the High Atlas gathered around the collective loft (Igherm) or the stronghold (tighermt) overlook the valleys.
In this Berber Valley of the High Atlas man is the protector of the family, while the woman, very active, represents its pillar, symbol of the warmth of the home. They start the day caring for children and doing housework. Then they reach the bottom of the valley to work in the fields, take care of the herds, do the laundry in the river and collect firewood. They often carry heavy loads.
"Yes, it's the women who carry the heavy burdens here. That was the time of my father and my grandfather, it is our tradition. Some think it's bad for a man's reputation if he does a woman's job. Men do the work such as building adobe houses or maintaining irrigation canals. Some also leave the village because of lack of work. In general, they earn just enough to live, work for six or seven euros a day, but life in the city is more expensive. Families do not benefit, nor the village. When the man goes to town all the tasks rest on the shoulders of his wife. Women have a lot to do during the day. That's why I hope at least one of my daughters will marry a man outside the valley, to have a better life, or have a good education, even if we can not save enough money to pay the tuition fees. We will do our best. "