Espagne, la première équipe féminine de football officielle de gitanes
À Barcelone, dans le quartier périphérique de La Mina, est née la première equipe officielle de football féminine essentiellement composé de gitanes courant septembre 2023.
La Mina est un des quartiers les plus pauvres et dangereux d'Espagne et il est compliqué d'y rentrer. Aujourd'hui y vit principalement la communauté gitane. Grande pauvreté, système D, immeubles insalubres, exclusion sociale et traffics de drogues sont les fléaux de ce petit quartier complètement oubliés des pouvoirs publics locaux depuis des années. Personne ne va à La Mina. Il y a une quarantaine d'années c'était un quartier ouvrier, mais depuis la réorganisation de la ville et les Jeux Olympiques de 1992, ce sont tous les gitans de Barcelone qui ont été chassé du centre ville et qui se sont installés dans ce quartier en périphérie de la capitale catalane.
Toni, le Président historique du club de football de La Tramontana de La Mina a décidé en septembre dernier de monter une equipe féminine pour "ne plus que les gamines soient dans la rue". Pour lui je représente une opportunité pour que les médias mettent en valeur son projet et attirer de possibles investisseurs. "Que personne ne le touche" a-t-il pris soin de déclarer devant les gitans présents lorsque je suis arrivé au camp d'entrainement pour mon premier jour de reportage en janvier.
Aujourd'hui la section féminine est un franc succès: le club compte une vingtaine d'adhérentes - essentiellement gitanes - entre 17 et 35 ans.
Pour ces filles, jouer au football constitue en soi une vraie libération bien qu'elles ne ne soient pas forcément bien vues par les autres gitans. À leur âge la coutume exige que les filles deviennent mères très tôt; mais au sein de La Tramontana, non seulement les filles préfèrent jouer au foot mais en plus elles sont lesbiennes pour la plus part.
Gitanes, footballeuses, copines, lesbiennes et amoureuses; ces jeunes filles vivent leur épanouissement individuel et collectif pleinement. Beaucoup rêvent de quitter le quartier quand d'autres souhaitent continuer à l'améliorer en s'inscrivant dans la vie quotidienne du club. Les liens qui unissent les joueuses avec Toni et la petite equipe du staff sont très forts et leur relation vont au-delà du football: travail, famille, amours etc.
En attendant, le championnat est pris très au sérieux et trois fois par semaine elles rejoignent le camp d'entrainement pour préparer le match du week-end soutenus par une toute petite poignée de proches qui font office de spectateurs.
SPAIN - FIRST FEMALE TEAM OF ROMANI WOMEN IN SPAIN - BARCELONA
In Barcelona, in the outlying neighborhood of La Mina, the first official women's football team, mainly composed of gypsy women, was born in September 2023.
La Mina is one of the poorest and most dangerous neighborhoods in Spain, and it's difficult to enter. Today, the gypsy community mainly lives there. Severe poverty, makeshift living conditions, social exclusion, and drug trafficking are the scourges of this small neighborhood, completely forgotten by local authorities for years. Nobody goes to La Mina. Forty years ago, it was a working-class neighborhood, but since the city's reorganization and the 1992 Olympics, all the gypsies of Barcelona were pushed out of the city center and settled in this peripheral area of the Catalan capital.
Toni, the historic President of La Tramontana football club in La Mina, decided last September to create a women's team to "keep the girls off the streets." For him, I represent an opportunity for the media to highlight his project and attract potential investors. "Let nobody touch it," he carefully declared in front of the gypsies present when I arrived at the training camp for my first day of reporting in January.
Today, the women's section is a resounding success: the club has around twenty members - mostly gypsies - aged between 17 and 35.
For these girls, playing football is a true liberation, although they may not necessarily be well-regarded by other gypsies. At their age, custom demands that girls become mothers very early; but within La Tramontana, not only do the girls prefer to play football, but most of them are also lesbians.
Gypsy, football players, friends, lesbians, and lovers; these young women experience both individual and collective fulfillment fully. Many dream of leaving the neighborhood, while others wish to continue improving it by becoming part of the club's daily life. The bonds that unite the players with Toni and the small staff team are very strong, and their relationship goes beyond football: work, family, love, etc.
In the meantime, the championship is taken very seriously, and three times a week they join the training camp to prepare for the weekend match, supported by a small handful of relatives who act as spectators.