Le difficile retour des Yézidis dans leur communauté
Sur les hauteurs du mont Sinjar, il fait froid, en ce matin d'hiver. La pluie de la nuit a rendu les allées entre les tentes impraticables. La boue qui s'accumule à chaque pas alourdit les chaussures. Les voitures ne peuvent plus passer. Chaque famille est isolée l'une de l'autre.
Une centaine de tentes sont érigées autour d'une route centrale qui traverse les montagnes. Ici vivent des Yézidis depuis qui ont pris la fuite en août 2014, lorsque l'Organisation de l'État islamique (OEI) a pris le contrôle de la région et a génocidé leur population.
Huit ans ont passé depuis le vacarme des bombes et la course folle pour la survie. Avec le bruit des explosions qui s'en est allé, c'est aussi l'attention médiatique qui a déserté les lieux. Les Yézidis sont laissés quasiment à eux-mêmes dans la difficile tâche de la reconstruction des villes et des esprits. Les ruines reposent au milieu des rues, des jouets d'enfants dépassent encore des décombres. Sur place, on s'est habitué à ce décor de guerre. Il fait maintenant partie du paysage.
À Sinjar, Sibaye et dans les autres villes de la région, les larmes des survivants coulent encore pour les disparus. Entre un deuil impossible pour des gens disparus sans laisser de trace et une incapacité à reconstruire la ville sans aide internationale, les Yézidis vivent dans les limbes. Leur déplacement n'en finit pas, et le retour reste impossible.
The difficult return of the Yezidis to their community
On the heights of Mount Sinjar, it is cold on this winter morning. The night's rain has made the paths between the tents impassable. The mud that accumulates with each step weighs down the shoes. Cars can no longer pass. Each family is isolated from the other.
A hundred tents are erected around a central road that crosses the mountains. Here live Yezidis who fled in August 2014, when the Islamic State Organisation (IOE) took control of the region and genocided their population.
Eight years have passed since the din of the bombs and the mad dash for survival. With the sound of the explosions gone, so too has the media attention. The Yezidis are left almost alone in the difficult task of rebuilding their towns and minds. Ruins lie in the middle of the streets, children's toys still protrude from the rubble. On the spot, people have become accustomed to this wartime setting. It is now part of the landscape.
In Sinjar, Sibaye and other towns in the region, the tears of the survivors are still flowing for the missing. Between impossible mourning for people who disappeared without a trace and an inability to rebuild the town without international aid, the Yezidis live in limbo. Their displacement is never-ending, and return remains impossible.