Un autre regard
Au c?ur d'un programme de réinsertion qui permet de faire baisser la récidive de 31% à 6% lors de la première année. Une nouvelle approche pour contrer les peines de prison à Marseille.
La sortie de prison est souvent une étape délicate jonchée d'épreuves. La preuve en est : 31% des anciens détenus retournent en prison dès la première année suivant l'incarcération et 61% dans les 5 ans. Qu'est-ce qui explique ces chiffres et comment agir pour une meilleure réinsertion?
Je suis allé à la rencontre d'une maison dans le III ème arrondissement de Marseille. Une maison qui a pour mission principale de changer ces chiffres. Il s'agit d'un programme de réinsertion de 3 à 6 mois, qui se veut comme être dernière étape avant une vie loin de la justice. Pour comprendre ce qui changeait par rapport aux méthodes traditionnelles, je suis allé à la rencontre de ces sortants de prison. J?ai partagé le quotidien d'Akram, Sabrina ou encore Nassim.
Passé par cette association, les anciens détenus ont 5 fois moins de chance de retourner en prison. Le pourcentage de récidive dans la lère année tombe de 31 à 6%. Mais qu'est ce qui change réellement?
Le jour de la sortie de prison, il est ressorti que la plupart de ces hommes et femmes se retrouvent livrés à eux mêmes du jour au lendemain. Pour un bon nombre d'entre eux, ils sortent de détention avec peu d'argent, pas de logement fixe, sans travail. C'est un saut dans le vide, et un chemin assuré vers une précarité certaine. Tout cela sans prendre en compte le facteur humain, émotionnel et la question de désocialisation qu'une peine de prison peut engendrer.
C'est pour contrer ces obstacles que l'association Wake Up Café, créée en 2014, a mis en place un programme permettant de mettre toutes les chances du côté des sortants de prison afin de réaliser une réinsertion durable dans le temps. La démarche proposée ici est basée sur la communauté : les anciens détenus préparent eux-mêmes les repas pour tout le monde, font des ateliers pour les rapprocher de l'emploi, font de la boxe et du football, vont se promener dans les calanques et visiter des entreprises prête à les embaucher : des activités ludiques, sportives et pratiques qui leur permettent de retrouver du lien social.
"C'est rare d'être accueillie autrement que derrière un bureau de manière ultra formelle. Ici, on est à l'aise, on ne sent pas considéré comme des personnes différentes" me fera part Sabrina. L'approche communautaire de Wake Up Café montre que l'isolement social est souvent un frein réinsertion, et que le fait de se sentir soutenu et accompagné peut faire toute la différence. La réussite de cette démarche prouve qu'il est possible de lutter contre la récidive en offrant aux anciens prisonniers les outils nécessaires pour réussir leur réinsertion. De fait, la récidive baisse à 6% après avoir passé quelques semaines au sein de cette maison rue Pautrier.
Un autre regard
At the heart of a reintegration program that reduces recidivism from 31% to 6% in the first year. A new approach to prison sentences in Marseille.
Getting out of prison is often a delicate stage, littered with hardships. The proof is in the pudding: 31% of ex-prisoners return to prison within the first year, and 61% within 5 years. Why are these figures so high, and what can be done to improve reintegration?
I went to meet a home in Marseille's 3rd arrondissement. The main aim of this center is to change these figures. It's a 3-6 month reintegration program, designed to be the last step before a life away from the law. To find out what was different from traditional methods, I went to meet these prison leavers. I shared the daily life of Akram, Sabrina and Nassim.
Through this association, ex-prisoners are 5 times less likely to return to prison. The recidivism rate in the first year drops from 31% to 6%. But what really changes?
On the day they leave prison, most of these men and women find themselves left to their own devices from one day to the next. For many of them, they leave prison with little money, no fixed address and no job. It's a leap into the void, and a sure path to precariousness. All this without taking into account the human, emotional and de-socializing factor that a prison sentence can engender.
It's to counter these obstacles that the Wake Up Café association, founded in 2014, has set up a program to put every chance on the side of prison leavers to achieve sustainable reintegration over time. The approach proposed here is community-based: former inmates prepare meals for everyone themselves, do workshops to bring them closer to employment, take up boxing and soccer, go for walks in the calanques and visit companies ready to hire them: fun, sporting and practical activities that enable them to reconnect socially.
"It's rare to be welcomed in a way other than behind a desk in an ultra-formal way. Here, we're at ease, we don't feel like different people," Sabrina tells me. Wake Up Café's community approach shows that social isolation is often a barrier to reintegration, and that feeling supported and accompanied can make all the difference. The success of this approach proves that it is possible to combat recidivism by offering ex-prisoners the tools they need to successfully reintegrate into society. In fact, recidivism drops to 6% after spending a few weeks in the rue Pautrier home.