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MISER SUR LE BON CHEVAL, LE PARI DE SIMON, JEUNE VITICULTEUR DU SUD-OUEST (FRANCE)
Selon une enquête réalisée en 2020[1], 3% des viticulteurs en France entretiennent leurs parcelles à l'aide de chevaux, une pratique confidentielle appelée cependant à se développer. Si tous les viticulteurs bio ne recourent à la traction animale, en particulier équine, pour labourer, la majorité de ceux qui y recourent sont certifiés bio.
Dans le sud-ouest, aux confins du Gers, des Hautes-Pyrénées et des Pyrénées-Atlantiques, un jeune viticulteur prometteur, Simon Ribert, a rejoint depuis peu ce club restreint. A l'aube de sa trentaine, Simon cultive avec passion depuis 8 ans la parcelle de vigne de son grand-père, composée de vieux Tannat et de Cabernet Franc, à laquelle s'ajoutent 2 parcelles qu'il loue et sur lesquelles il a planté des pieds de Petit et Gros Manseng. Sur son domaine nommé Stratéus, large de 12 hectares, Simon produit des Madiran rouge et des Pacherenc-du-Vic-Bilh blancs. Il aime "entremêler l'animal au végétal". A côté des vignes, des boeufs Angus, des brebis et bientôt des porcs noirs y sont élevés en liberté. Son frère cadet Charles l'épaule, ainsi que ses parents. Simon ne possède pas de chai mais un savoir-faire indéniable. Il élève son vin dans les caves de Castelnau et de Crouseilles.
Pour sa cuvée haut de gamme Néolitik, il a fait appel cette année à un prestataire de traction animale, Gilles Fougerousse, venu du Var avec son apprentie Marie et ses chevaux Coco et Dino. Gilles dispense ses services de traction animale depuis sept ans dans la région PACA. Simon n'a pas trouvé de prestataire équivalent dans son périmètre immédiat et Gilles a accepté de se déplacer dans le sud-ouest. Il faut bien cela pour « chausser » ou « cavaillonner » les quatre hectares de vignes de Simon avant l'arrivée des premières gelées.
En cette semaine automnale, les rangées de vignes de Simon se sont revêtues d'or. Au loin, tout en haut du coteau cerné d?arbres aux feuillage rouge écarlate, les silhouettes de Gilles, Marie, Coco et Dino, suivies de celle de Simon se précisent peu à peu. Coco l'endurci, un cheval noir Trait du Nord et Dino l'apprenti, un cheval blanc Percheron, se meuvent au son des douces injonctions de Marie et Gilles. Gilles dit de Coco qu'il connaît son travail, qu'il possède une intelligence, une puissance et une endurance hors pair. Encouragé par son maître, Dino un peu maladroit lors de sa première journée de labour apprend vite. Les chevaux se reposent après 2 ou 3 allers-retours entre les rangées de vignes. Leur travail est lent, immuable mais précis. Simon et ses proches participent au labour. A la pause, Simon explique les bienfaits pour ses vignes de la traction équine : les protéger du froid, permettre à la matière organique de se décomposer, limiter le tassement du sol, éviter la motorisation et le rejet de CO2. Il souligne le plaisir de travailler au rythme de l'animal et de sentir la terre. Au début du printemps, Gilles reviendra avec Dino et Coco effectuer le travail en sens inverse, « décavailloner la vigne », pour la faire respirer.
La technique est couteuse : 10.000 euros pour entretenir une année les 4 hectares de vignes dédiées à sa cuvée haut de gamme. Simon a fait appel pour les 3 ans à venir à un financement participatif sélectif sur Internet, « Winefunding » qui offre aux porteurs de projets retenus, outre des fonds, une belle reconnaissance oeunologique. Et au mot de « reconnaissance » les yeux de Simon brillent : Paul Bocuse, le célèbre restaurant lyonnais va en effet désormais proposer le moelleux de Simon à sa table. Et une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, le restaurateur Alexandre Mazzia à Marseille proposera quant à lui à ses hôtes le blanc sec de Simon."
[1] Equivigne: https://www.vitisphere.com/actualite-93043-lutilisation-du-cheval-en-viticulture-en-chiffres.html
BETTING ON THE RIGHT HORSE, SIMON'S WAGER, A YOUNG WINEGROWER IN SOUTHWEST (FRANCE)
According to a survey carried out in 2020[1], 3% of winegrowers in France maintain their plots with the help of horses, an underdeveloped practice that is nevertheless likely to grow. Although not all organic winegrowers use animal traction for ploughing, particularly horses, the majority of those who do so are granted organic certification.
In southwest of France, on the outskirts of Gers, Hautes-Pyrénées and Pyrénées-Atlantiques, a promising young winegrower, Simon Ribert, has recently joined this selective club. As he is about to enter his thirties, Simon has been cultivating with passion for 8 years his grandfather's vineyard plot, composed of old Tannat and Cabernet Franc, in addition to 2 rented plots on which he has planted Petit and Gros Manseng. On his 12-hectare estate named Stratéus, Simon produces red Madiran and white Pacherenc-du-Vic-Bilh. He likes to "intertwine the animal with the plant".
Next to the vineyards, Angus cattle, sheep and soon black pigs are raised in liberty. His younger brother Charles supports him, as well as his parents. Simon does not have a cellar but an undeniable know-how. He develops his wine in the cellars of Castelnau and Crouseilles.
For his top-quality wine, this year he has called on an animal traction service provider, Gilles Fougerousse, who came from the French Riviera, South-East, with his young female apprentice Marie and his horses Coco and Dino. Gilles has been providing animal traction services for seven years in PACA region. Simon could not find such a service provider in his immediate area and Gilles agreed to move to southwest. This is needed to cover the four hectares of the base of Simon's vines and protect them against first frosts.
During this autumnal week, Simon's rows of vines are dressed in gold. On the horizon at the top of the hillside surrounded by scarlet trees, the silhouettes of Gilles, Marie, Coco and Dino, followed by Simon's one, are gradually taking shape. Coco the hardened, a black horse Trait du Nord, and Dino the apprentice, a white horse Percheron, are moving to the sound of Marie and Gilles' gentle injunctions. Gilles praises Coco for his skills, intelligence, power and outstanding endurance.
Cheered on by his master, Dino, a little clumsy on his first day of ploughing, is quickly learning. Horses are resting after 2 or 3 round trips between the rows of vines. Their work is slow, immutable but accurate. Simon and his family participate in the ploughing. During the break, Simon explains the benefits of horse traction: protecting his vines against the frost, helping organic matter decomposition, limiting soil compaction and avoiding motorization and CO2 emissions. He emphasizes his pleasure to work at animal's pace and to feel the earth. At the beginning of spring, Gilles will come back with Dino and Coco to do the work in the opposite direction, to uncover the base of the vines, to make them breathe.
The technique is expensive: 10,000 euros to maintain for one year the 4 hectares of vines dedicated to his top-quality wine. For the next 3 years, Simon has called on a selective crowd funding website, "Winefunding", which provides to selected project bearers, in addition to funds, a wonderful recognition of their wine-making practice. And at the word "recognition" Simon's eyes shine: Paul Bocuse, the famous restaurant in Lyon, will from now propose Simon's sweet white wine at his tables. And as good news never come alone, the chief Alexandre Mazzia in Marseille will propose to his guests Simon's dry white wine.
[1] Equivigne: https://www.vitisphere.com/actualite-93043-lutilisation-du-cheval-en-viticulture-en-chiffres.html
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