De l'enfance à Mayotte
Mayotte, historiquement et géographiquement située dans l'archipel indépendant de l'Union des Comores, est devenue en 2011 le 101ème département français.
Depuis toujours, les migrations et les échanges inter-îles sont la trame des liens culturels et familiaux. En clandestinisant une grande partie de ces échanges, l'instauration du visa Balladur en 1995 bouleverse les structures familiales et la départementalisation exige de la société mahoraise une transformation radicale de son fonctionnement afin de s'adapter aux lois françaises.
Grâce à un indice de fécondité de 4,1 enfants par femme et une mortalité infantile en baisse, 50% de la population a moins de 20 ans. Cette jeunesse offre à Mayotte une vitalité et une énergie inhabituelle.
Le prisme des médias métropolitains présente quasi exclusivement la jeunesse mahoraise comme livrée à elle-même et organisée en bandes irrespectueuses sinon délinquantes, vivant dans les rues et les bidonvilles, sans aucune tutelle adulte, délaissée par des parents indignes. Il est alors aisé de focaliser sur les bidonvilles un regard misérabiliste et de stigmatiser la moralité de ces populations en occultant les véritables raisons de leur paupérisation, que sont les inégalités de distribution des richesses, les diverses formes du néo-colonialisme, les fermetures des frontières et la non libre circulation des personnes.
La jeunesse mahoraise subit de plein fouet les injonctions paradoxales d'une société qui peine à leur offrir un avenir et qui pourtant souhaite les faire entrer dans le monde merveilleux de la consommation et de la mondialisation.
C'est aussi pour les autorités une donnée difficile à gérer en ce qui concerne l'accès à l'éducation, à la santé, et aux droits fondamentaux. Des associations, des ONG, pallient à ces difficultés en portant leurs efforts sur les plus démunis, des travailleurs sociaux débrouillent des situations personnelles et administratives kafkaïennes, des médecins soignent gratuitement, des éducateurs tentent de juguler les dérives délinquantes, le Bataillon de Service Militaire Adapté encadre et forme les jeunes majeurs sans qualifications et les enseignants de l'école publique tentent de faire leur métier à des classes où les ¾ des enfants ne parlent pas le français.
About childhood to Mayotte
Mayotte, historically and geographically located in the independent archipelago of the Union of the Comoros, became in 2011 the 101st French department.
Migration and inter-island exchanges have always been the fabric of cultural and family ties. By making a large part of these exchanges clandestine, the introduction of the Balladur visa in 1995 disrupted family structures and departmentalization requires the Mahoran society to radically transform its functioning in order to adapt to French laws.
Thanks to a fertility index of 4.1 children per woman and a declining infant mortality rate, 50% of the population is under 20 years old. This youthfulness gives Mayotte an unusual vitality and energy.
The prism of the metropolitan media presents almost exclusively the youth of Mayotte as left to themselves and organized in disrespectful if not delinquent gangs, living in the streets and slums, without any adult guardianship, abandoned by unworthy parents. It is then easy to focus on the shantytowns with a miserable outlook and to stigmatize the morality of these populations by hiding the real reasons for their impoverishment, which are the inequalities in the distribution of wealth, the various forms of neo-colonialism, the closing of borders and the non-free movement of people.
The youth of Mahoras is being subjected to the paradoxical injunctions of a society that struggles to offer them a future and yet wishes to bring them into the wonderful world of consumption and globalization.
It is also a difficult issue for the authorities to manage in terms of access to education, health, and fundamental rights. Associations and NGOs compensate for these difficulties by focusing their efforts on the most disadvantaged, social workers help to resolve Kafkaesque personal and administrative situations, doctors provide free medical care, educators try to curb delinquency, the Adapted Military Service Battalion supervises and trains young adults without qualifications, and public school teachers try to do their job in classes where the children do not speak French.