Nomades des alpages, une apologie du mouvement
Dans une autarcie sans réseau, au rythme de leurs pas, Vartan et Renan dévalent et arpentent les alpages de la Vanoise. A 2 500 mètres d'altitude près de la frontière entre la France et l'Italie, ils y élèvent un troupeau de 1800 brebis et quelques chèvres en pâturage itinérant.
Durant la période d'estive, dans la vallée de la Maurienne et du val de Suse, l'herbe est une réserve de fourrage nécessaire à l'alimentation des ovins.
Tour à tour, les bergers se relaient pour surveiller le troupeau en journée et monter la garde de nuit sur le camp de base, où les brebis sont parquées tous les soirs afin d'éviter les volte-face vers les hauteurs.
Au réveil, ils vérifient les asbentes. Ici, la peur des loups n'est pas une légende pastorale. Les bergers doivent vivre avec leur présence et l'incertitude de garder leur troupeau intact à la fin de la saison; chaque année, un dixième de l'élevage disparaît sous leurs crocs.
Tandis que les patous guettent l'arrivée des loups, les chiens de bergers guident et encadrent le troupeau. Les ânes sont les sherpas du refuge, ils y grimpent chargés de provisions et de sacs de sel - le sel étant utilisé comme un agent d'appétence afin d'améliorer l'appétit des brebis et réguler leur satiété.
L'an passé, l'inquiétude était à celle du piétin. De près, les bergers surveillent cette infection des onglons causée par deux variétés de champignons, que les brebis peuvent contracter et transmettre en broutant les pâtures contaminées.
Après un été marqué par une sécheresse historique en Europe, la pluie est une aubaine pour les bergers et leurs brebis. Dissimulés sous la brume, Vartan et Renan scrutent les reliefs de chaque versant et devinnent leurs silhouettes. Au milieu du brouillard, sur les flancs de la montagne, elles avancent lentement et se mêlent au décor.
Plus tard au mois d'octobre, elles iront pâturer dans la steppe de la Crau et pour d'autres, poursuivre la transhumance dans les vignes afin de préparer la terre. Une adaptation constante aux différents pâturages qu'elles fréquentent au gré des saisons.
Shepherds and ewes in high mountain pastures, an apology for movement
Vartan and Renan are shepherds in the mountain pastures of the Vanoise, in the French Alps. At 2500 meters altitude, close the border with Italy, they raise 1800 ewes on pasture in complete autarky.
Through the summer season, the grass is a reserve of fodder necessary to feed the sheep.
During the day, the two shepherds take turns leading the flock and watching over the sheep at night near their sleeping base camp, where they are gathered in pen every evening.
At dawn, the shepherd look for the strayed ones. In these remote valleys, the fear of wolves is not a pastoral legend. Nomadic herders are struggling to preserve their depleted herds and live with uncertainty of keeping the whole flock at the end of the season. Every year, about twenty of sheep disappear under the teeth of their fearsome predators.
While the patous dogs protect ewes from wolves, the shepherds' dogs guide and supervise the herd. The donkeys are the sherpas of the refuge, they climb in the mountains loaded with provisions for the shepherds and bags of salt for ewes - salt being used to improve their appetite and regulate their satiety.
Last year, the concern was for foot rot. Shepherds keep a close eye on this hoof infection caused by two varieties of fungus, which the sheep can contract and transmit by grazing on contaminated pastures.
After a summer marked by an unprecedented drought in Europe, the rain is a relief for the shepherds and their sheep. In the middle of the fog, on the slopes of the mountain, they move slowly and blend into / in with the scenery.
At the end of the season comes the natural breeding period for the birth of lambs during the spring, when the climate is milder and food is more abundant. Later in October, ewes will graze in the steppe of the Crau and for others, continue the transhumance to prepare the land in the vineyards. A constant adaptation to the different pastures following to the seasons.