"The Prayer On the Road" et frustrations du photographe
Avant même de les avoir réalisées, mon arrogance fut de croire, qu'une fois sur place, une fois loin de Paris, mes photos existeraient.
Croire que le voyage était une fin en soi, qu'il suffirait d'y être. Et puis sentir les jours qui passent et la frustration du désoeuvrement.
Etre désoeuvrer : ne plus oeuvrer.
C'était même pire, mon projet était là, mon « paysage textile » existait quelque part, mais je ne savais ni où, ni comment, le chercher. Barrière culturelle.
Alors, en attendant, je sillonnais les rues, à la recherche d'un sujet photographique, pensant naïvement qu'il viendrait, forcément.
J'étais là, face à tout, face à trop, je n'accédais à rien. Si facile de prendre des photos, impossible d'en faire. Frontière insaisissable, impalpable. La ville était comme un écran de télé, elle me berçait dans une illusion d'accès au réel.
Ici, on peut faire une photo n'importe où. Presque tout est photographique. Une photo de vendeurs, de ruelle, d'individus, de ce qu'ils font, de leur vie, du moins celle qu'ils nous laissent entrevoir. Pourtant, je ne parvenais pas à saisir plus que ce qui m'était donné à voir. J'étais Tantale devant l'arbre à fruits.
J'ai tout vu de loin, de trop près, à travers une vitre de voiture, de bus, de magasin, tout à travers une lentille d'appareil photo. Mon appareil médiateur était devenu une frontière physique entre l'idée et la réalité.
J'étais la personne de passage. Celle qui, à aucun moment, ne s'encre dans le paysage. Comment alors « respecter la juste distance » , celle qui me permet de « respecter l'humanité de l'autre »... (Dominique Baqué, Histoires d'ailleurs, Artistes et penseurs de l'itinérance, Editions du Regard, Paris, 2006)
"The Prayer On the Road" et frustrations du photographe
Avant même de les avoir réalisées, mon arrogance fut de croire, qu'une fois sur place, une fois loin de Paris, mes photos existeraient.
Croire que le voyage était une fin en soi, qu'il suffirait d'y être. Et puis sentir les jours qui passent et la frustration du désoeuvrement.
Etre désoeuvrer : ne plus oeuvrer.
C'était même pire, mon projet était là, mon « paysage textile » existait quelque part, mais je ne savais ni où, ni comment, le chercher. Barrière culturelle.
Alors, en attendant, je sillonnais les rues, à la recherche d'un sujet photographique, pensant naïvement qu'il viendrait, forcément.
J'étais là, face à tout, face à trop, je n'accédais à rien. Si facile de prendre des photos, impossible d'en faire. Frontière insaisissable, impalpable. La ville était comme un écran de télé, elle me berçait dans une illusion d'accès au réel.
Ici, on peut faire une photo n'importe où. Presque tout est photographique. Une photo de vendeurs, de ruelle, d'individus, de ce qu'ils font, de leur vie, du moins celle qu'ils nous laissent entrevoir. Pourtant, je ne parvenais pas à saisir plus que ce qui m'était donné à voir. J'étais Tantale devant l'arbre à fruits.
J'ai tout vu de loin, de trop près, à travers une vitre de voiture, de bus, de magasin, tout à travers une lentille d'appareil photo. Mon appareil médiateur était devenu une frontière physique entre l'idée et la réalité.
J'étais la personne de passage. Celle qui, à aucun moment, ne s'encre dans le paysage. Comment alors « respecter la juste distance » , celle qui me permet de « respecter l'humanité de l'autre »... (Dominique Baqué, Histoires d'ailleurs, Artistes et penseurs de l'itinérance, Editions du Regard, Paris, 2006)