Le Printemps
Le Président a dit que nous étions en guerre.
Alors, c'était comme si mon rêve denfance se réalisait, je suis devenue reporter de guerre.
Lanalogie s'arrête là. Loin dune guerre, nous les casaniers, et les enfants surtout, vivions un rêve éveillé. Un rêve à huit clos, si proche et pourtant si loin de cette guerre. Je pense quil est important de saisir le privilège et la chance quon a. Être tous ensemble, tout le temps. Etre bien. Les enfants ont cette capacité exacerbée à sadapter à tout. C'est humain. C'est puissant et effrayant. De voir à quel point ils n'ont plus besoin du monde extérieur. Plus la nécessité d'aller au parc, à l'école, chez les mames, les tontons, chez Christelle, au magasin de jouet, à la bibliothèque, la boulangerie ou à la gare regarder tous les gens et les trains en attendant papa. Cette vie banale et simple sur pleins d'aspects, me semble pourtant effrénée avec le recul.
J'me souviens de cette époque qui me parait fort loin maintenant, où a chaque activité terminée, la question principale était : et maintenant, on fait quoi maintenant ?
Maintenant, hé bien, on ne fait rien. On s'ennuie pour la vie et l'ennuie en famille c'est vraiment quelque chose de profondément beau.
Je crois que l'amour en famille n?a rien d?une évidence, qu'il ne coule pas de source. Je suis de ceux qui croient qu'il se nourrit, s'apprend et se re-dessine sans cesse. Que les bases sont fondamentales mais jamais définitives. Rien n'est acquis.
On était donc tous là à assister au changement du monde. Et les enfants, eux, après quelques questions d'étonnement, une obsession à demander « quand-est-ce qu'on va chez ? », s'en firent vite à leur nouvelle vie. Avec beaucoup de bonheur ils se sont amusés ennuyés disputés aimés plus que jamais.
Toujours les mêmes débuts de journée ensoleillée, où le premier réveillé attendait, avec toute l'impatience du monde, son acolyte son collègue son amoureux sa victime sa proie son confident sa moitié son ennemi juré. Puis les petits déjeuners la peinture la lecture les sorties dans le sombre parking la cour boisée et le long couloir comme celui de "Shining". Les petits gâteaux et les grandes dégustations. Toujours ces visages sérieux en dégustant. Manger c'est un plaisir sacrément sérieux ! Le maître mot de la journée. L'horloge ultime.
Et puis les siestes les dessins animés les bains. L'excitation extrême du soir. Les jeux grandeur nature. "Bien-sure que je suis un dinosaure maman ! Un grand tyrannosaure grand comme ça et je crie plus fort que tout et même que le lion."
Et puis ranger. Tout ranger le bazar. Et danser. Danser et chanter all day.
Sans se poser de questions sur l?avenir. Ça n'a pas de sens l?avenir pour eux. Le seul temps passé ou futur qu'ils connaissent c?est « tout à l'heure ». « Tout à l'heure quand j'étais un bébé ». « Quand tout à l'heure je serai grand comme papa ».
Ce qui compte c'est le présent. C'est tout ce qui importe dans la vie d'un enfant. Alors nous faisons de même, avec cette inquiétude dans un coin de la tête. Questionner notre rôle de parent.
Comment leur faire prendre conscience de notre chance ?
Comment les responsabiliser, les préparer, et puis préserver ce luxe de l'innocence?
Le Printemps
Le Président a dit que nous étions en guerre.
Alors, c'était comme si mon rêve denfance se réalisait, je suis devenue reporter de guerre.
Lanalogie s'arrête là. Loin dune guerre, nous les casaniers, et les enfants surtout, vivions un rêve éveillé. Un rêve à huit clos, si proche et pourtant si loin de cette guerre. Je pense quil est important de saisir le privilège et la chance quon a. Être tous ensemble, tout le temps. Etre bien. Les enfants ont cette capacité exacerbée à sadapter à tout. C'est humain. C'est puissant et effrayant. De voir à quel point ils n'ont plus besoin du monde extérieur. Plus la nécessité d'aller au parc, à l'école, chez les mames, les tontons, chez Christelle, au magasin de jouet, à la bibliothèque, la boulangerie ou à la gare regarder tous les gens et les trains en attendant papa. Cette vie banale et simple sur pleins d'aspects, me semble pourtant effrénée avec le recul.
J'me souviens de cette époque qui me parait fort loin maintenant, où a chaque activité terminée, la question principale était : et maintenant, on fait quoi maintenant ?
Maintenant, hé bien, on ne fait rien. On s'ennuie pour la vie et l'ennuie en famille c'est vraiment quelque chose de profondément beau.
Je crois que l'amour en famille n?a rien d?une évidence, qu'il ne coule pas de source. Je suis de ceux qui croient qu'il se nourrit, s'apprend et se re-dessine sans cesse. Que les bases sont fondamentales mais jamais définitives. Rien n'est acquis.
On était donc tous là à assister au changement du monde. Et les enfants, eux, après quelques questions d'étonnement, une obsession à demander « quand-est-ce qu'on va chez ? », s'en firent vite à leur nouvelle vie. Avec beaucoup de bonheur ils se sont amusés ennuyés disputés aimés plus que jamais.
Toujours les mêmes débuts de journée ensoleillée, où le premier réveillé attendait, avec toute l'impatience du monde, son acolyte son collègue son amoureux sa victime sa proie son confident sa moitié son ennemi juré. Puis les petits déjeuners la peinture la lecture les sorties dans le sombre parking la cour boisée et le long couloir comme celui de "Shining". Les petits gâteaux et les grandes dégustations. Toujours ces visages sérieux en dégustant. Manger c'est un plaisir sacrément sérieux ! Le maître mot de la journée. L'horloge ultime.
Et puis les siestes les dessins animés les bains. L'excitation extrême du soir. Les jeux grandeur nature. "Bien-sure que je suis un dinosaure maman ! Un grand tyrannosaure grand comme ça et je crie plus fort que tout et même que le lion."
Et puis ranger. Tout ranger le bazar. Et danser. Danser et chanter all day.
Sans se poser de questions sur l?avenir. Ça n'a pas de sens l?avenir pour eux. Le seul temps passé ou futur qu'ils connaissent c?est « tout à l'heure ». « Tout à l'heure quand j'étais un bébé ». « Quand tout à l'heure je serai grand comme papa ».
Ce qui compte c'est le présent. C'est tout ce qui importe dans la vie d'un enfant. Alors nous faisons de même, avec cette inquiétude dans un coin de la tête. Questionner notre rôle de parent.
Comment leur faire prendre conscience de notre chance ?
Comment les responsabiliser, les préparer, et puis préserver ce luxe de l'innocence?