Nouvelle manifestation contre l'implantation d'un méthaniseur
Dans ce petit village de 800 âmes du sud 77, le 6 juillet 2024 avait lieu une manifestation contre la construction, sur le plateau situé au-dessus de la commune, d’un méthaniseur.
Depuis la découverte de ce projet porté par trois agriculteurs du coin, des habitant·es du village et des alentours luttent pour éviter son implantation. De nombreuses banderoles ont fleuri sur les murs de certaines habitations, plusieurs manifestations se sont déjà déroulées et des actions en justice, portées par l’association CDASL, ont été intentées. Les personnes présentes craignent qu'à terme leur vie soit impactée par cette unité qui devrait traiter quotidiennement environ 30 tonnes d'intrants ; mauvaises odeurs, augmentation du trafic routier, hausse du prix du foncier agricole, baisse de la valeur des biens immobiliers, impact sur la biodiversité environnante… Ils dénoncent également le manque de transparence autour du projet et auraient aimé des consultations publiques en amont.
À cette heure, le projet, largement soutenu par les élu·es locaux et les pouvoirs publics, est en train de sortir de terre. Au regard de la dynamique actuelle, la Seine-et-Marne pourrait devenir l'un des départements à accueillir le plus de ces unités sur le territoire français. Aujourd’hui les 43 méthaniseurs qui y sont en service assurent 90% de la production francilienne. La Charte pour le développement de la méthanisation en Seine-et-Marne signée en 2020 pour 5 ans pourraient être renouvelée en 2025 en fonction "des indicateurs du plan d'actions" de cette même charte.
Présentés à la fois comme un levier efficace pour effectuer la transition énergétique, et comme un moyen d'assurer une production française de gaz et d'électricité afin de réduire nos importations, ces systèmes industriels font face à de nombreuses critiques, notamment de la part des populations qui vivent à proximité, de scientifiques, des politiques mais aussi d'agriculteurs et d'agricultrices, paysannes et paysans, et nottement la Confédération paysanne qui voient en ce modèle industriel la perpétuation de l'accaparement de terres et des subventions par une toute petite partie du monde agricole.
Cette technique de production de gaz par fermentation anaérobie d'intrants organiques, plutôt vertueuse à petite échelle, est aujourd'hui dans collimateur de grands groupes de l'énergie qui y voient une nouvelle source de profits. Au début de la décennie précédente il n'y avait pratiquement pas de ces dômes verts au milieu des plaines agricoles. Leader mondial de la production, l'Europe, avec comme producteur principal l'Allemagne, promeut et favorise le développement de ces unités. Aujourd'hui la méthanisation agricole représente 85% de la production de bio méthane. L'énergie produite par ces unités comble moins de 1,5% des besoins en énergie sur le territoire et selon les chiffres du gouvernement de mars 2024 1 500 unités de méthanisation fonctionnent actuellement. Ce chiffre devrait très rapidement doubler, pour atteindre selon les projections, plus de 8 000 unités à terme. Étant massivement subventionnée, cette industrie est préconisée et vantée auprès de certains agriculteurs comme une nouvelle source de revenu. Certains n'hésitent donc pas à franchir le pas, quitte à délaisser en partie leur statut d'agriculteur pour devenir producteur d'énergie et d'engrais.
New demonstration against the construction of a methane plant
On July 6, 2024, a demonstration took place in this small village of 800 souls in the south of France, against the construction of a methanizer on the plateau above the village.
Since the discovery of this project by three local farmers, residents of the village and surrounding area have been fighting to prevent its construction. Numerous banners have appeared on the walls of some homes, several demonstrations have already taken place and legal action has been taken by the CDASL association. Those present fear that their lives will ultimately be affected by the plant, which is expected to process around 30 tonnes of inputs a day: unpleasant odours, increased road traffic, rising farmland prices, falling property values, impact on the surrounding biodiversity... They also denounce the lack of transparency surrounding the project and would have liked to have seen public consultations upstream.
To date, the project, widely supported by local elected representatives and public authorities, is well underway. In view of the current momentum, Seine-et-Marne could become one of the departments with the largest number of these units in France. Today, the 43 methanizers in operation here account for 90% of the region's methane production. The Charter for the development of methanization in Seine-et-Marne, signed in 2020 for 5 years, could be renewed in 2025, depending on the “action plan indicators” set out in the Charter.
Presented both as an effective lever for the energy transition, and as a means of ensuring French gas and electricity production in order to reduce our imports, these industrial systems are facing a great deal of criticism, notably from the populations living nearby, scientists and politicians, but also from farmers and peasants, and particularly the Confédération paysanne, who see in this industrial model the perpetuation of land grabbing and subsidies by a very small part of the farming world.
This technique for producing gas by anaerobic fermentation of organic inputs, quite virtuous on a small scale, is now on the radar of major energy groups who see it as a new source of profit. At the beginning of the last decade, there were hardly any of these green domes in the middle of agricultural plains. Europe, with Germany as its main producer, is the world's leading producer, promoting and encouraging the development of these units. Today, agricultural methanization accounts for 85% of biogas production. The energy produced by these units meets less than 1.5% of the country's energy needs, and according to government figures from March 2024, 1,500 methanization units are currently in operation. This figure is set to double very rapidly, to over 8,000 units by the end of the year. Massively subsidized, this industry is promoted and touted by some farmers as a new source of income. As a result, some farmers are not hesitating to take the plunge, even if it means abandoning their status as farmers to become energy and fertilizer producers.