Laisser faire la nature, domaine de la Coulée de Serrant
Le jour se lève sur le domaine de la Coulée de Serrant où, crise sanitaire ou non, on entame la 890e campagne de vendanges consécutives, sur la parcelle du «Clos de la Coulée de Serrant». Ce bout de terrain sacré surplombant la Loire (l'une des rares appellations en monopole du vignoble Français), a été choisi en 1130 par des moines Cisterciens, pour y cultiver de la vigne. Rien n'a beaucoup changé depuis.
Car le domaine de la famille Joly est à bien des égards un terroir à part. Un terrain au sous-sol schisteux d'une quinzaine d'hectares, bordés de vieux murs, nichés entre deux reliefs et creusés au centre d'un vallon, descendant vers le fleuve royal. Cette situation permet à la vigne de bénéficier d'un climat particulier quand, à la saison, le brouillard matinal remontant du cours d'eau, s'installe sur ses pentes et donne au raisin toute son originalité. Car c'est bien cela le but recherché : transmettre au vin la personnalité du terrain, en intervenant le moins possible dans le processus. Un fonctionnement où rien n'est laissé au hasard et où l'Homme y conserve toute sa place. Les vignes sont taillées le moins possible et on y ramasse toujours le raisin à la main, en 4 ou 5 passages. Ce qui demande une vraie habileté aux ramasseurs, qui doivent à chaque fois sélectionner uniquement les grappes arrivées à pleine maturité. Ces grappes partent ensuite dans des «portoirs», de petits récipients qui évitent au raisin de s'écraser sous son propre poids. Les fruits seront pressés dans les 2 h maximum suivant la récolte, pour garder un maximum de fraîcheur. Un savant mélange de travail et de bon sens.
Pour en arriver là, Nicolas Joly, qui a pris la suite de ses parents, a très tôt converti la parcelle du clos (en 1980) puis l'ensemble du domaine (en 1984) à la biodynamie. Sa conception, issue des préceptes de Rudolf Steiner, induit une vision plus globale de la vie de l'exploitation, qui dépasse le simple travail de la vigne. Tout produit de synthèse y est bien sûr proscrit. Ils sont remplacés par des tisanes d'ortie, pour soutenir l'activité de la sève, de thym, de lavande ou d'origan, pour réchauffer les sols. Pour atténuer les effets néfastes de la vigne en monoculture, certaines parcelles de l'exploitation sont laissées libres ou utilisées comme vergers. D'autres encore sont occupées par un troupeau de vaches Nantaises, qui fournit de la fumure pour l'exploitation. L'hiver venu, ce sont les petits moutons d'Ouessant qui s'épanouissent entre les vignes, tout accomplissant un vrai travail de jardinier.
Au domaine de la Coulée de Serrant, on entend souvent qu'il faut «laisser faire la nature» et elle s'occupe de presque tout, le reste y est fait à la main. L'un des «5 plus grands vins blancs de France» (Curnonsky) qui a depuis bien longtemps, réconcilié prestige et écologie.
Letting nature take its course, Domaine de la Coulée de Serrant
The day dawns on the Coulée de Serrant estate where, health crisis or not, the 890th consecutive harvest campaign begins on the "Clos de la Coulée de Serrant" plot. This sacred piece of land (one of the rare French monopoly appellations) overlooking the Loire, was chosen in 1130 by Cistercian monks to cultivate vines. Nothing much has changed since then.
For the Joly family's estate is in many ways a terroir apart. A land with a schistose subsoil of about fifteen hectares, bordered by old walls, nestled between two reliefs and dug in the centre of a valley, descending towards the royal river.
This situation allows the vine to benefit from a special climate when, during the season, the morning fog rising from the river settles on its slopes and gives the grapes all their originality. Because that is indeed the aim: to transmit the personality of the land to the wine, with as little intervention as possible in the process. A process in which nothing is left to chance and in which man retains his full place. The vines are pruned as little as possible and the grapes are always picked by hand, in 4 or 5 passes. This requires real skill on the part of the pickers, who must each time select only the bunches that have reached full maturity. These bunches are then placed in "racks", small containers that prevent the grapes from being crushed. The fruit will be pressed within a maximum of 2 hours after harvesting, to keep a maximum of freshness. A clever mix of work and common sense.
In order to achieve this, Nicolas Joly, who took over from his parents, very early on converted the plot of land in the Clos (1980) and then the whole estate (1984) to biodynamic farming. His conception, based on the precepts of Rudolf Steiner, led to a more global vision of the life of the estate, which goes beyond the simple work in the vineyard. All synthetic products are of course prohibited. They are replaced by nettle herbal teas, to support the activity of the sap, thyme, lavender or oregano, to warm the soil. To mitigate the harmful effects of monoculture vines, certain plots of land on the estate are left free or used as orchards. Still others are occupied by a herd of cows from Nantes, which provides manure for the farm. When winter comes, it is the little sheep of Ouessant that flourish between the vines, doing the real work of a gardener.
Au domaine de la Coulée de Serrant, on entent souvent qu?il faut «laisser faire la nature» et elle s?occupe de presque tout, le reste y est fait à la main. L?un des «5 plus grands vins blancs de France» (Curnonsky) qui a depuis bien longtemps, réconcilié prestige et écologie.