LIFTA ET SES MILLE VIES
Lifta surplombe Jérusalem de ses mille vies. Village palestinien avant la Nakba (la catastrophe en arabe, soit l'exil forcé des Palestiniens en 1948), terre d'accueil assignée des Juifs irakiens dans les années 1950 et enfin ruine à l'abandon de nos jours, ses maisons de pierre ont survécu au passage du temps et des guerres, gardiennes de ce creux de colline luxuriant où les hommes passent mais ne restent pas. Lifta, ville maudite, ville fantôme ou ville refuge ?
Les spectres d'aujourd'hui portent la veste noire et les téfilines des juifs religieux, qu'ils enlèvent pour plonger nus dans la source au centre du village. Régulièrement, d'autres ombres viennent troubler leur quiétude : des familles palestiniennes nostalgiques ou de jeunes squatteurs qui hantent les ruines le soir venu. Certains n'ont qu'une simple couverture, d'autres se sont installés de véritables maisons dans les quelques pièces au toit encore debout.
Attelage improbable, tous font pourtant front commun lorsqu'il s'agit de défendre Lifta contre les promoteurs avides d'en faire un lotissement de luxe.
LIFTA AND ITS THOUSAND LIVES
Today's spectres wear the black jackets and tefilin of religious Jews, which they take off to dive naked into the spring in the centre of the village. Regularly, other shadows come to disturb their peace: nostalgic Palestinian families or young squatters who haunt the ruins at night. Some have only a simple blanket, others have set up real houses in the few rooms with roofs still standing.
An unlikely pairing, they all form a common front when it comes to defending Lifta against developers eager to turn it into a luxury housing estate.