Là où la mer montera (1/3) - Le village de Genêts
La baie du Mont Saint-Michel a toujours été fortement impactée par les évolutions marines et fluviales. Du fait de sa topographie extrêmement plane et des estuaires qui s'y trouvent, elle est un témoin de premier plan pour tout ce qui concerne les variations hydrologiques et climatiques. Célèbre pour ses marées de très grande amplitude dont il est dit que la vitesse serait celle d'un "cheval au galop", elle regorge de mythes et d'histoires de famille évoquant les caprices de la mer, des rivières changeant leur cours et des sables mouvants. Une légende évoque la forêt de Scissy (ou de Quokelunde), qui aurait occupé la baie avant d'être détruite et engloutie par un raz-de-marée en 709. Même s'il paraît peu probable que cette catastrophe ait réellement eu lieu, on raconte que beaucoup plus récemment, au début du XXe siècle, une vague de plusieurs mètres aurait frappé les maisons du littoral.
Si à travers ces histoires le territoire garde en mémoire sa fragilité face aux risques marins et fluviaux ponctuels, il n'est en revanche pas préparé à une montée des eaux sur le long terme. Selon les prévisions d'octobre 2019 présentées sur le site de l'organisation scientifique
Climate Central, une partie importante des zones littorales de la baie du Mont Saint-Michel sera touchée par la montée des eaux dès 2050, du fait de l'accélération du réchauffement climatique.
Le village de Genêts, dans la Manche, fait partie de ces zones vulnérables. Il connaît aujourd'hui le paradoxe d'être menacé par la montée de la mer alors que celle-ci s'est éloignée du village au cours des siècles, mettant fin à son activité portuaire du fait de l'ensablement de la baie et de l'estuaire de la rivière qui traverse la commune. Le rivage est aujourd'hui distant du bourg d'environ 1km. Entre les deux se sont développés des prés salés, que la mer regagne uniquement durant les marées à fort coefficient. Une seule plage demeure à l'ouest de la commune, au lieu-dit le Bec d'Andaine, désormais point de départ de traversées de la baie à pied jusqu'à l'île de Tombelaine et au Mont Saint-Michel. Hier port florissant à l'échelle locale, aujourd'hui village touristique de charme ; mais qu'en restera-t-il demain face à la montée des eaux ?
Where the sea will rise (1/3) - The village of Genêts
The Mont Saint-Michel bay has always been strongly impacted by marine and river evolutions. Because of its extremely flat topography and the estuaries that lie within it, it is a prime witness to hydrological and climatic variations. Famous for its very high tides, whose speed is said to be that of a "galloping horse", it is full of myths and family stories evoking the whims of the sea, rivers changing their course and quicksand. One legend evokes the forest of Scissy (or Quokelunde), which is said to have occupied the bay before being destroyed and swallowed up by a tidal wave in 709. Although it seems unlikely that this catastrophe actually took place, much more recently at the beginning of the 20th century, a wave of several metres is said to have hit the houses on the coast.
If through these stories the territory keeps in mind its fragility in front of occasional marine and fluvial risks, it is on the other hand not prepared for a long term rise in water levels. According to the October 2019 forecasts presented on the website of the scientific organisation
Climate Central, a large part of the coastal areas of the Mont-Saint-Michel Bay will be affected by rising water levels from 2050 onwards, due to the acceleration of global warming.
The village of Genêts, in the Manche department, is one of these vulnerable areas. It is now experiencing the paradox of being threatened by the rising sea, whereas the sea has moved away from the village over the centuries, putting an end to its port activity due to the silting up of the bay and of the estuary of the river that crosses the commune. The shoreline is now about 1km away from the village. Between the two, salt meadows have developed, which the sea regains only during high tides. Only one beach remains to the west of the village, at the place called Bec d'Andaine, now the starting point for crossing the bay on foot to the island of Tombelaine and Mont Saint-Michel. Yesterday a flourishing port on a local scale, today a charming tourist village; but what will remain of it tomorrow in the face of rising waters?