Offload : Liban - Nouvelles identités
En bordure du vacarme assourdissant d'une ville qui ne se tait jamais, de l'autre côté de la voie rapide qui ceinture la capitale Beyrouth, quatre spots de lumières éclairent le terrain sec de Sin-el-Fil où, depuis 19h, s'entrainent deux équipes distinctes qui se partagent la pelouse.
Si, à droite, les jeunes joueurs de l'équipe de foot locale mouillent le maillot, certains marquent quand même une courte pause pour regarder, surpris, ceux d'à coté qui, sans vergogne, se rentrent dedans à pleine vitesse, se jettent au sol, s'agrippent puis se relèvent, les genoux ou les coudes écorchés par la terre que l'herbe ne recouvre plus sur cette partie du terrain...
Il faut admettre que le rugby à XV, dans les endroits ou peu sont ceux qui le connaissent, a de quoi surprendre.
Pourtant, au Liban, il grandit.
Doucement, consciencieusement, le ballon ovale tente d'attirer, dans le flot des expatriés européens en quête d'une équipe, de jeunes libanais désireux de découvrir un sport où tout, ou presque, reste à construire.
Encore loin des sphères du monde professionnel, il est ici question, pour les joueurs, les coachs et autres acteurs de ce rugby libanais, d'implanter une "culture rugby" dans un pays où il ne compte que peu d'adeptes.
Et si aujourd'hui, au Liban, le rugby est un monde amateur, où l'on joue le week-end sur des terrains pelés, devant des tribunes qui sonnent creux, si tant est qu'il y en ait, il est déjà ce monde où l'on se connait, où l'on se fréquente, et où l'on construit l'avenir d'une passion que l'on voudrait partager.
Parce qu'elle répare nos stigmates et efface nos différences, brouillant les cartes de la sempiternelle scission identitaire héritée de la guerre civile.
Au rugby, le offload est une transmission, une manière de faire vivre le jeu, de faire perdurer le mouvement...
"Offload" est une série de reportages en cours sur le développement et la pratique du rugby à travers le monde. Le Liban en est la première étape.
Offload: Lebanon - New identities
On the edge of the loud noise of a city that never shuts up, on the other side of the highway that surrounds the capital, Beirut, four spotlights illuminate the dry field of Sin-el-Fil where, since 7pm, two different teams have been training and sharing the lawn.
If, on the right, the young players of the local soccer team are wetting their shirts, some of them take a short break to watch, amazed, those next to them who, shamelessly, run into each other, throw themselves on the ground, grab and then get up again, knees or elbows scraped by the earth that the grass does not cover anymore on this part of the field...
It must be admitted that rugby union, in places where only a few people know about it, can be surprising.
However, in Lebanon, it is growing.
Slowly, conscientiously, the oval ball is trying to attract, in the flow of European expatriates looking for a team, young Lebanese wishing to discover a sport where everything, or almost everything, remains to be built.
Still far from the spheres of the professional level, it is a matter for the players, coaches and other actors of this Lebanese rugby to implant a "rugby culture" in a country where it has only few followers.
And if today, in Lebanon, rugby is an amateur world, where people play on weekends on grassy fields, in front of empty-sounding stands, it is already a world where people know each other, where they socialize, and where they build the future of a passion that they want to share.
Because it repairs our stigmas and erases our differences, blurring the cards of the endless identity split inherited from the civil war.
In rugby, the offload is a transmission, a way to keep the game alive, to keep the movement going...
"Offload" is an in-progress series of reports on the development and practice of rugby around the world. Lebanon is the first step.