Une Famille Sous Confinement COVID-19
L'introduction du confinement général, précédé d'un couvre-feu nocturne, tous deux imposés par les autorités tunisiennes afin de contenir la propagation de la pandémie du Nouveau Coronavirus qui provoque la maladie COVID-19, a profondément affecté la vie quotidienne des familles tunisiennes, et plus particulièrement la santé mentale des personnes.
Pour une famille tunisienne composée d'un père homme d'affaires, d'une mère femme au foyer et de deux fils adolescents qui vont à l'école, et qui vivent dans le gouvernorat de l'Ariana (à 6 km de la capitale Tunis), qui a enregistré le deuxième plus grand nombre de cas positifs confirmés de contaminations par le Coronavirus, rester coincé chez soi tout au long d'une journée de printemps, ce n'est pas toujours facile à supporter.
Un homme actif comme le mari qui se retrouve du jour au lendemain isolé du reste du monde, privé de ses activités professionnelles et quotidiennes, c'est difficile à vivre.
Se lever tôt le matin, conduire la voiture jusqu'au bureau, rencontrer des clients, aller à la salle de sport, rencontrer des amis dans un café ou un restaurant pour un délicieux dîner bien arrosé, profiter de la compagnie des autres, passer un week-end avec sa famille à l'hôtel, n'est plus possible sous confinement. Toutes ces activités manquées ont créé beaucoup de temps libre, provoquant du stress, frustration, ennui et vacuité.
D'autant plus que l'introduction du confinement général a ralenti le rythme de l'économie du pays ainsi que les services publics qui sont vitaux pour son activité et qui sont parfois bloqués.
Cette situation a fait craindre une instabilité financière et un avenir incertain, ainsi qu'une anxiété générée par la crainte de perdre des revenus ou des clients.
Il est désormais confronté à la nouvelle réalité du travail à distance à laquelle il devrait s'adapter. En effet, il a continué à appeler ses clients pour rester en contact avec eux, les rassurer, avoir de leurs nouvelles, en chercher de nouveaux et mettre en place un plan d'action post-coronavirus.
En général, il avait l'habitude de boire du vin une ou deux fois par mois, lorsqu'il rencontrait ses amis au restaurant, mais actuellement il a commencé à boire de l'alcool presque tous les jours.
Quant à l'épouse, en plus des tâches ménagères ordinaires, elle est désormais confrontée à une situation inattendue où ses enfants turbulents sont tout le temps à la maison en raison de la prolongation forcée des vacances scolaires, et elle est obligée de s'occuper d'eux 24 heures sur 24.
En fait, elle doit les calmer, les accompagner pour faire leurs devoirs et essayer de s'adapter le mieux possible à l'enseignement en ligne qui avait été introduit par l'école pendant le confinement.
Elle doit également surmonter sa peur de l'infection par le COVID-19, et la désinfection est devenue une manie.
En effet, tous les produits qu'elle achète sont systématiquement désinfectés à l'eau de javel avant d'être rangés. Elle a même fait en sorte que tout le monde enlève ses chaussures avant d'entrer dans la maison.
Elle a également peur de la pénurie. Ainsi, la constitution de réserves de pain, d'eau, de viande et en général de denrées alimentaires de base est devenue une tâche obligatoire.
Même les enfants n'ont pas été épargnés par les effets négatifs du confinement. Pour deux adolescents turbulents, habitués à aller à l'école, à s'entraîner au karaté et au football, à rencontrer des amis et à sortir avec leurs parents, le fait d'être tout le temps à la maison a affecté leur comportement. L'ennui les a amenés à inventer des jeux de rôle violents, et ils ont commencé à être accros aux jeux vidéo violents, et à se disputer souvent.
Parfois, pour surmonter le stress et faire monter l'adrénaline, le père et ses fils osent braver le couvre-feu pour s'entraîner dans la rue la nuit.
Ce changement soudain et forcé dans la vie quotidienne a eu un impact négatif sur le couple. Certaines querelles sont apparues, à cause des troubles de l'humeur et du sommeil, de la colère, de l'irritabilité et probablement parce que le couple n'a pas l'habitude de rester ensemble toute la journée.
Néanmoins, l'épouse est tombée enceinte et le bébé a été conçu pendant le confinement. Quelques semaines plus tard, elle a avorté en raison de complications de santé.
"Aujourd'hui, la pandémie fait augmenter la demande de services de santé mentale. Le deuil, l'isolement, la perte de revenu et la peur entraînent ou aggravent des pathologies mentales. Beaucoup de gens consomment plus d'alcool ou de drogue et souffrent davantage d'insomnie et d'anxiété", a indiqué l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans son communiqué de presse. Tunisie, 5 mai 2020.
Family Under Covid-19 Lockdown
The introduction of the general confinement, preceded by a nightly curfew, both imposed by Tunisian authorities in order to contain and slow down the spread of the novel Coronavirus pandemic that causes the COVID-19 disease, has profoundly affected the daily life of Tunisian families, and more specifically the mental health of people.
For a Tunisian family which is composed of a businessman father, a housewife mother and two teenage sons who go to the school, and who live in Ariana governorate (6 km from the capital Tunis), which has recorded the second highest number of confirmed positive cases of Coronavirus contaminations, stuck at home throughout a spring day, it?s not always easy to bear.
An active man like the husband who finds himself overnight isolated from the rest of the world, deprived of his professional and daily activities, this is difficult to live with.
Getting up early in the morning, driving the car to the office, meeting clients, going to the gym, meeting friends at a café or restaurant for a delicious dinner with a good wine, enjoying the company of others, spending a weekend with his family in the hotel, is no longer possible under the lockdown. All these missed activities have created a lot of free time causing stress, frustration, boredom and vacuity.
All the more so as the introduction of the general confinement has slowed the pace of the country?s economy as well as the public services which are vital to its business and which are sometimes become blocked.
This situation led to fears of financial instability and an uncertain future, as well as anxiety generated by fears of loss of incomes or clients.
He is faced with new realities of working from home. Indeed, he continued to call his clients to keep in touch with them, to reassure them, hear from them, and to search for new ones and set up a post-coronavirus action plan.
Usually, he used to drink wine once or twice a month, when he meets his friends at the restaurant, but currently he started drinking alcohol almost every day.
As for the wife, in addition to ordinary household chores, she is faced with an unexpected situation where her wild children are at home all the time because of the forced extension of the school holidays, and she is obliged to take care of them 24 hours a day. In fact, she has to calm down them, to accompany them to do their homework and try to adapt the best possible to e-learning that had been introduced by the school during the general confinement.
She also has to overcome her fears of being infected, and disinfection has become a mania. Indeed, all the products she buys are systematically disinfected with bleach and water before being put in the house. She even made everyone take off their shoes before entering the house.
She is also afraid of shortages. Thus building up reserves of bread, water, meat and in general basic foodstuffs has become an obligatory task.
Even the children were not spared the negative effects of the lockdown. For two energetic teenagers who are used to going to the school, training karate and soccer, meeting friends and going out with their parents, being at home has affected their behaviour. Boredom led them to invent violent role-playing games, and they started to be addicted to violent video games, and they often argue.
Sometimes, to relieve stress and boost the adrenaline, the father and his sons dare to brave the curfew to train in the street at night.
This sudden and forced change in the daily life had a negative impact on the couple. Some quarrels have arisen, because of the mood and sleep disorder, anger, irritability and probably because the couple is not used to staying together all day long.
Nevertheless, the wife became pregnant and the baby was conceived during the lockdown. A few weeks later, she had an abortion due to health complications.
" The pandemic is increasing demand for mental health services. Bereavement, isolation, loss of income and fear are triggering mental health conditions or exacerbating existing ones. Many people may be facing increased levels of alcohol and drug use, insomnia, and anxiety", reported The World Health Organization (WHO) in its news release. Tunisia May 5, 2020.