La couleur de la grenade, Arménie, 2022-2023 (Travail en cours)
L'indépendance et la fin de l'URSS 30 ans plus tôt ont laissé un grand vide économique et humain. Les amis sont devenus des ennemis, les Azerbaïdjanais furent chassés d'Arménie et les Arméniens chassés d'Azerbaïdjan. La première guerre pour l'enclave du Haut-Karabakh (1988-1994) et le dessin approximatif des frontières n'ont jamais vraiment été surmontés et résolus. Pour les deux côtés, des plaies ouvertes. Le 27 septembre 2020 le conflit resurgit et la deuxième guerre pour le Haut-Karabakh commence. Depuis, la paix est officiellement revenue, mais elle est friable et toujours plus fragile. Les coups de feu, presque chaque nuit le long des frontières, laissent présager une inévitable confrontation future.
Dans les campagnes le travail est rare, et pour beaucoup d'Arméniens la seule issue est le départ en Russie quelques mois par an pour des emplois dans l'industrie ou l'agriculture principalement. Cette Russie, si présente par la langue, l'architecture et une omniprésence militaire dans le pays (Le long de la frontière avec l'Iran, avec la Turquie au nord-est et dernièrement, les « gardiens de la paix » Russe pour le Haut-Karabakh et les frontières Arméniennes avec l'Azerbaïdjan). Inexorablement la démographie chute et beaucoup de jeunes essayent de partir vers l'ouest, idéalisant la diaspora qui incarne un univers stable et le rêve d'un recommencement. Malgré quelques mouvements sociaux, culturels et féministes, ces dernières années
(Révolution de velours, 2018), la contestation contre la mauvaise gestion sociale et économique du pays semble s'essouffler. D'un côté l'exhibition des richesses de la nouvelle élite, et de l'autre la difficulté à parler de la pauvreté, hantent les arméniens et produisent d'importantes atteintes psychologiques dans une société particulièrement attachée à la dignité humaine. Dans un décors presque immobile, figé dans le temps, je cherche à dépeindre un portrait de la complexité de l'histoire et de la société arménienne. Entre crise identitaire, politique et historique, cette accumulation de paradoxes et de contraintes semble faire germer dans l'esprit de la jeunesse l'idée d'être face à un monde sans horizons et sans avenir.
Dans un décors presque immobile, figé dans le temps, je cherche à dépeindre un portrait de la complexité de l'histoire et de la société
arménienne. Entre crise identitaire, politique et historique, cette accumulation de paradoxes et de contraintes semble faire germer dans l'esprit de la jeunesse l'idée d'être face à un monde sans horizons et sans avenir.
The Color of the Pomegranate, Armenia, 2022-2023 (Work in progress)
Independence and the end of the USSR 30 years earlier left a great economic and human vacuum. Friends became enemies, Azerbaijanis were driven out of Armenia and Armenians were driven out of Azerbaijan. The first war over the Nagorno-Karabakh enclave (1988-1994) and the rough drawing of the borders were never really overcome and resolved. For both sides, open wounds. On September 27, 2020 the conflict resurfaced and the second war for Nagorno-Karabakh began. Since then, peace has officially returned, but it is brittle and ever more fragile. The gunshots, almost every night along the borders, point to an inevitable future confrontation. In the countryside, work is scarce, and for many Armenians the only way out is to go to Russia for a few months a year for jobs in industry or agriculture. This Russia, so present by the language, the architecture and an omnipresent military presence in the country (along the border with Iran, with Turkey in the northeast and lately, the Russian «peacekeepers» for Nagorno-Karabakh and the Armenian borders with Azerbaijan). Inexorably the demography is falling and many young people are trying to leave for the West, idealizing the diaspora as a stable universe and the dream of a new beginning. Despite some social, cultural and feminist movements in recent years (Velvet Revolution, 2018), the protest against the social and economic mismanagement of the country seems to run out of steam. On the one hand, the exhibition of the new elite?s wealth, and on the other, the difficulty of talking about poverty, haunt Armenians and produce important and produce important psychological damage in a society particularly attached to human dignity. In an almost immobile setting, frozen in time, I seek to portray the complexity of Armenian history and society. Armenian society. Between identity, political and historical crisis, this accumulation of paradoxes and constraints seems to make germinate in the mind of the youth the idea of being in front of a world without horizons and without future.