Des funérailles malgaches
Elle avait 90 ans et s'appelait Rasoambola, mais tout le monde l'appelait Bébé, ce qui signifie grand-mère.
Sur les hauts plateaux du centre de Madagascar, à 1400m d'altitude, elle a passée sa vie dans un petit village de brousse, à quelques kilomètres de piste défoncée de la petite ville de Miarinarivo.
Ce petit village, tout juste quelques maisons regroupées à côté de leurs rizières et de leurs champs, elle l'avait crée en 1940 quand elle a été chassée de sa famille pour s'être obstinée à se marier avec un de leurs ouvriers agricoles. Déshéritée par son père, elle s'était écartée de la communauté, et vivait avec son mari dans la plaine en cultivant quelques terres et rizières pour subvenir à leurs besoins.
Ils ont élevé leurs 3 enfants, et quand son mari est mort en 2000, elle a continué jour après jour à monter les rudes escaliers de sa petite maison. Jusqu'à ce jour d'octobre 2018, où elle s'en est allée.
Sa famille l'a installée sur son dernier lit, à l'étage, et pendant 4 jours toute la population de la région est venue lui dire adieu. Ses enfants ont tué un zébu et un porc gras, fait cuire des sacs entiers de riz pour accueillir dignement tous ceux qui se sont déplacés parfois d'assez loin et à pied pour lui rendre un dernier hommage et chanter toute la nuit pour l'accompagner vers sa dernière demeure.
Le dernier jour, elle a été enveloppée dans tous les linceuls que tout le monde a contribué à financer.Comme il est de coutume sur les hauts plateaux, le dernier n?ud a été bien serré par tous les hommes de sa famille pour éviter que son âme ne puisse s'envoler. Bien installée dans la structure en bois nommée trano vorona, nid d'oiseau en malgache, et après une cérémonie d'adieu dite par le pasteur et où tout un chacun pût prononcer son dernier hommage, elle a été conduite en cortège par les chemins des collines vers le caveau familial.
A malagasy funeral.
She was 90 years old and her name was Rasoambola, but everyone called her Bébé, which means grandmother.
On the high plateaus of central Madagascar, at an altitude of 1400m, she spent her life in a small bush village, a few kilometres by a broken track from the small town of Miarinarivo.
This small village, just a few houses grouped next to their rice fields, she had created it in 1940 when she was driven out of her family for persisting in marrying one of their farm workers. Disinherited by her father, she had moved away from the community, and lived with her husband on the plain, cultivating some land and rice fields to support them.
They raised their 3 children, and when her husband died in 2000, she continued day after day to climb the rough stairs of her small house. Until that day in October 2018, when she left.
Her family put her on her last bed, upstairs, and for 4 days the whole population of the region came to say goodbye. His children killed a zebu and a fat pig, cooked a lot of ricebags to welcome with dignity all those who came sometimes from far away, walked to pay him a last tribute and sang all night to accompany her to his final resting place.
On the last day, she was wrapped in all the shrouds that everyone helped to finance, and as is customary in the highlands, the last knot was tightened by all the men in her family to prevent her soul from flying away. Well installed in the wooden structure called « trano vorona », a bird's nestin Malagasy language and after a farewell ceremony by the pastor, where everyone could pay their last respects, she has been led in procession by the paths of the hills to the family vault.