Short social stories (2012)
Dans la lignée d'un webdocumentaire, cette initiative en journalisme interactif s’inscrit dans le cadre de l'unité d'enseignement et de l'atelier POM, vidéographie et webdocumentaire réalisé par Virginie Terrasse et Wilfrid Estève dans le master Cultures et métiers du Web ; et d'un partenariat entre l’Université de Paris-Est Marne-la-Vallée en France et la Chonbuk National University en Corée du Sud.
Lien vers le webdocumentaire Short social stories
En termes d’enseignement, l’enjeu de Social Short Stories était double : placer les étudiants au coeur des réalités professionnelles et les éveiller aux nouveaux supports de l’information et de la communication. Habituellement, nous intervenons en formation continue, sur des journalistes ou de photographes qui souhaitent se spécialiser. Cette section d'étudiants n'en comportait aucun, les compétences transversales du groupe nous ont permis de superviser le développement d'une réalisation atypique de type webdocumentaire. Travailler avec eux nous a projeté dans un univers plus "mainstream" et créatif. L'atelier commencé en novembre 2011 a permis de produire une série de reportages ainsi qu’un dispositif interactif.
La plateforme Social Short Stories a été imaginée et conçue en novembre 2011 et le contenu français intégré en mars. Elle s’inscrivait dans le cadre d'un partenariat avec la Chonbuk National University et sa réalisation s'est enrichie d'un volet effectué en Corée du 30 avril au 15 mai 2012.
Son développement a été réalisé sous Drupal par Laura Mathieu, assistée par Michaël Pasquier et son graphisme par Chloé Ravagli. Alexia Annequin et Claire Bonnet ont coordonnées l'ensemble du contenu éditorial.
La problématique de l’utilisation des réseaux sociaux a été développée en six parties. Près de 10 ans après l’apparition des premiers réseaux sociaux, ce sont plusieurs centaines de millions "d’amis", de "twittos" qui s’exposent, s’exhibent et partagent leur existence au quotidien. Addict, marginaux, réfractaires ou désabusés, ces usagers - humains ou animaux - des réseaux confrontent leurs expériences sur cette plateforme documentaire interactive. Du village à la capitale, du forum de gamers à la niche de « Soja », les 22 étudiants du Groupe 1 du Master CMW ont varié les angles et dispositifs d’enquêtes pour cartographier, in situ, ces pratiques décalées. Le projet de plateforme documentaire interactive reposait aussi sur la double optique de donner à voir l’utilisation des réseaux sociaux en France et en Corée du Sud. Au pays du matin calme, une forte volonté de créer ses propres marques (LG ou Samsung), réseaux sociaux et moteurs de recherche s’est développée très tôt. Cyworld est par exemple la version coréenne de facebook, me2day de Twitter et Naver celle de Google. A Jeonju, les réseaux sociaux ne laissent personne indifférent. Qu’il s’agisse de Kakaotalk ou de Facebook, leur utilisation massive sur les smartphones et les tablettes témoigne de l’engouement pour la course aux nouvelles technologies. Le nom de la rubrique coréenne [la sixième] de la plateforme s’intitule “Eomji jok : la tribu des pouces”. Il paraît que les Coréens seraient les champions d’écriture de textos. Connectés en permanence, leurs mobiles quittent rarement leur main, ce qui est original dans la mesure ou ils passent peu de coup de fil avec.
Ici, le mobile accompagne le portefeuille et bientôt, ils ne feront plus qu’un. Personnellement je suis toujours aussi étonné de voir une personne les utiliser pour téléphoner, l’objet n’est pas fait pour. D’ailleurs j’ai découvert que toutes une variété de formats intermédiaires entre le smartphone et la tablette. L’utilisation de tablettes est extrêmement répandue, elle bouscule la manière de penser, de consommer l'information et de communiquer. Quant aux réseaux sociaux, ils ont mutés en médias.
Wilfrid Estève.
Trois questions à Virginie Terrasse :
En tant que professeur quelle a été la principale différence entre des journalistes et les étudiants ?
La majorité des élèves de CMW n'avait jamais réalisé d'interview ou de reportage. Nous les avons sensibilisé à ce qu'était une ligne éditoriale, puis formé à l'approche journalistique d'un sujet, à la question des angles visuels, à réfléchir aux différentes entrées visuelles possibles ainsi qu'à la problématique. Ce qui était intéressant avec les étudiants du master, c'est l'absence de culture sur le webdocumentaire et du coup de formatage. Cela nous a permis de développer une plateforme qui se situe entre le web reportage, les nouveaux formats linéaires comme les POM ou la vidéographie, ainsi que les blog ou les réseaux sociaux.
En terme d'ergonomie, pourquoi le choix de cette plateforme ?
Dès le départ, le concept était intéressant mais difficile à cerner. Une de nos priorités était de mélanger le contenu et le contenant et ne pas seulement se servir du sujet pour développer le graphisme (ou les reportages) mais faire en sorte que le tout s'associe et se nourrisse. L'idée était aussi de proposer une approche différente du webdocumentaire et d'être dans une logique de liens et de courts messages textes, agrémentés ou non de photographies, d'illustrations et de vidéos. C'est compliqué de travailler sur les réseaux sociaux, nous souhaitions que l'habillage global ait une identité propre et reprenne certains codes des réseaux. Et de créer une plateforme qui permette aussi de discuter directement avec chaque auteur.
Que retenez-vous du voyage d'étude en Corée ?
Très enrichissant, j'ai découvert un pays vivant et dynamique. Les Coréens sont bien équipés, on sent que globalement ils ont une longueur d’avance en termes de technologie. Concernant l'utilisation des réseaux, on sent un fort appétit de la société. Leur univers est porté par le numérique et propice à l’expansion des nouvelles technologies. Sans doute dû au dynamisme du marché.