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L(')Arme Fatale IV
8 décembre 2018. Acte IV.
Manifestation des Gilets Jaunes à Marseille.
Je pars de chez moi vers 10h, sur le chemin je croise pas mal de gilets jaunes. Dans les vitrines de magasins, sur les tableaux de bord de bagnoles. Les vitrines ne sont pas barricadées d'ailleurs, Marseille n'a à priori pas céder à la psychose. J'arrive sur la Canebière, les ambulances mènent le cortège et les street-medics se donnent la main pour encadrer tout le monde. Des retraités, des couples, jeunes et moins jeunes manifestent, en plus des ambulanciers, les infirmiers et dockers sont aussi là, pacifiquement. On voit des enfants et beaucoup de drapeaux tricolores. L'arme fatale, le gilet jaune, est fièrement arborée. L'ambiance y est bon enfant, les chants et slogans fleurissent. Le cortège arrive devant la préfecture sans problèmes, les quelques potentiels "casseurs" identifiés étant rapidement évacué par le staff des Gilets Jaunes. On se met à genoux, mains sur la tête, histoire de montrer clairement la non-violence du mouvement. C'est également un rappel clair aux interpellations des lycéens de Mantes la Jolie. Une délégation est même reçue dans les locaux de la préfecture, après négociation. J'entends plusieurs revendications claires. Abrogation de la loi de 1973 (ou «
loi Pompidou-Giscard-Rothschild »), démission pure et simple d'Emmanuel Macron, VIème République, fin de certains privilèges, que les gendarmes retirent leurs casques (qu'ils ne portaient pas à l'arrivée du cortège). La foule est calme mais les messages forts et les appels au calme et à la non-violence multiples.
Les manifestants décident ensuite de se rendre à la mairie continuer la manifestation. Je prends de l'avance, le temps d'assister au déploiement du dispositif de gendarmerie qui m'accepte "de l'autre côté". Le ventre commence à sonner creux mais pas grave. Les Gilets Jaunes se font bloquer sur le Vieux Port par la gendarmerie mobile et deux blindés qui interdisent l'accès au quai du Port et à la rue de la République. La mairie restera un mirage. Ils demandèrent pendant plus d'une heure l'accès, pacifiquement, ce qui leur fut refuser. La gendarmerie commença au contraire à les repousser vers la Canebière. Plusieurs tensions éclatèrent, forcément, la foule se faisant disperser à coups de gaz lacrymogènes et grenades de désencerclement. Scénario malheureusement classique. Des affrontements ont lieu sous l'ombrière, d'où partie plus tôt la marche pour le climat. Les gens cherchent désespérément à fuir les nuages de gaz lacrymogènes. Larmes fatales. Des officiers de la BAC en civil ainsi que les CRS arrivent en renfort et se déploient, continuant à gazer les manifestants et multipliant les interpellations dans les rues perpendiculaires. Il devient compliqué de respirer et de circuler. Le boucher de la rue Davso me propose de me mettre à l'abri dans sa boutique, ambiance irréelle. Incompréhension du commerçant, qui me demande de lui expliquer ce qu'il se passe dehors. Quand la réalité sort de la télé. Suite à ces affrontements, plusieurs dégâts furent occasionnées dans la ville, je le constate en remontant la Canebière, le boulevard Longchamp. Des poubelles brûlées, des abribus et une voiture furent vandalisées (jaune la voiture, certainement un clin d'oeil). De chaque côté, pourtant j'ai vu des français. Mais bon la nuit tous les chats sont gris. Je repense à cette mamie, la
Martin Riggs du Vieux Port, encerclée par les gendarmes, drapeau sur les épaules et qui me dit: "
on est jamais trop vieux pour ces conneries". Et elle a raison, à mon avis, y'a pas d'âge pour dire ce que l'on pense.
Lethal Weapon IV
December 8, 2018. Act IV.
Demonstration of the Yellow Vests in Marseille.
I leave my home around 10am, on the way I cross quite a few yellow vests. In the windows of stores, on the dashboards of cars. The windows are not barricaded, Marseille has not given in to psychosis. I arrive on the Canebière, the ambulances lead the procession and the street-medics join hands to frame everybody. Retired people, couples, young and less young are demonstrating, in addition to the ambulance drivers, the nurses and dockers are also there, peacefully. We can see children and many tricolored flags. The lethal weapon, the yellow vest, is proudly displayed. The atmosphere is good-natured, songs and slogans are flourishing. The procession arrives in front of the prefecture without problems, the few identified potential "casseurs" being quickly evacuated by the staff of the Yellow Vests. We kneel down, hands on the head, history to show clearly the non-violence of the movement. It is also a clear reminder to the interpellations of the high school students of Mantes la Jolie. A delegation is even received in the premises of the prefecture, after negotiations. I hear several clear demands. Repeal of the 1973 law (or "Pompidou-Giscard-Rothschild law"), pure and simple resignation of Emmanuel Macron, VIth Republic, end of some privileges, that the gendarmes remove their helmets (that they did not wear at the arrival of the procession). The crowd is calm but the messages are strong and the calls for calm and non-violence are numerous.
The demonstrators then decide to go to the town hall to continue the demonstration. I take some time to attend the deployment of the gendarmerie device which accepts me "on the other side". The belly begins to ring hollow but not serious. The Yellow Vests are blocked on the Old Port by the mobile gendarmerie and two armored vehicles which forbid the access to the quay of the Port and to the street of the Republic. The town hall will remain a mirage. They asked for more than one hour the access, peacefully, which was refused to them. The gendarmerie started instead to push them back towards the Canebière. Several tensions broke out, inevitably, the crowd being dispersed with tear gas and disencryption grenades. Unfortunately, this was a classic scenario. Clashes took place under the shade, from where the climate march had started earlier. People are desperately trying to escape the clouds of tear gas. Fatal tears. Officers of the BAC in civilian clothes as well as the CRS arrive as reinforcements and deploy, continuing to gas the demonstrators and multiplying the arrests in the perpendicular streets. It becomes complicated to breathe and to circulate. The butcher of the street Davso proposes me to put me under cover in his store, unreal atmosphere. Incomprehension of the shopkeeper, who asks me to explain him what it occurs outside. When reality comes out of the TV. Following these confrontations, several damages were caused in the city, I notice it while going up the Canebière, the boulevard Longchamp. Burned garbage cans, bus shelters and a car were vandalized (yellow car, certainly a wink). On both sides, however, I saw French people. But at night all cats are grey. I think of this granny, the Martin Riggs of the Vieux Port, surrounded by gendarmes, flag on the shoulders and who says to me: "one is never too old for this bullshit". And she is right, in my opinion, there is no age to say what you think.