A bord du train le plus long, le plus lourd et le plus lent
Pendant longtemps, la Mauritanie avec ses océans de dunes, ses caravanes de chameaux, ses cités de pierre et ses palmeraies, a été une destination privilégiée des fous de désert. Dans le sillage d'Antoine de Saint-Exupéry (qui s'est écrasé dans la région alors qu'il travaillait pour l'aéropostal) et de Théodore Monod (célèbre explorateur français du XXe siècle), les marcheurs s'aventuraient entre ergs, canyons et oasis, jusqu'à ce qu'un attentat en 2007 rende ce désert inaccessible, menace terroriste oblige. Dix ans plus tard, il se rouvre doucement aux voyageurs ce qui permet de faire renaître l'espoir au pays des Maures. Sans revenu touristique, la population mauritanienne d'environ 4 millions d'habitants, vit dans des conditions difficiles.
Les ressources du pays proviennent principalement des richesses naturelles de cette zone coincée entre le Maghreb et l'Afrique subsaharienne.
A l'Ouest, la côte mauritanienne est l'une des plus poissonneuses au monde. Très convoitée, la Chine s'est offert un accès privilégié à ces zones de pêche en échange d'infrastructure portuaire.
A l'Est, la principale richesse nationale se trouve dans une mine au milieu du désert.
L'industrie minière correspond à un tiers des recettes budgétaires du pays. Depuis le départ du tourisme c'est le fer qui se trouve dans ces mines qui régit le niveau de vie du pays.
Entre ces deux zones, le plus grand désert du monde, le Sahara, traversé par une ligne ferroviaire unique en son genre.
Véritable veine principale de la Mauritanie elle est parcouru par un train transportant le minerai.
Certains l'appellent Douira, c'est le train le plus lourd, le plus long et le plus lent au monde.
3 trains transportent 3 fois par jour une cargaison de 17,000 tonnes de fer chacun à destination du port de Nouadhibou pour l'exportation.
Ce qui rend ce train particulier, ce sont les voyageurs qui cohabitent avec le fer, dans des conditions extrêmes. Profitant du transport gratuit, des hommes et leurs bêtes montent sur le train pour un trajet de 20h où ils noircissent au fil des kilomètres. Assis sur le minerai ils sont exposés en été à des températures qui dépassent 45 degrés, bercés par l'entrechoquement métallique des 200 wagons, et le bêlement des chèvres.
Et pourtant, les voyageurs de cette caravane inédite ne se plaignent jamais. Il y a même une solidarité naturelle qui se nouent entre des pêcheurs, des éleveurs et des cadres d'entreprise. Et pour cause, ils risquent tous leurs vies dans ce train où la moindre chute vous laisse seul au milieu du Sahara, mort.
Aboard the longest, slowest, and heaviest train
For a long time, Mauritania, with its oceans and dunes, caravans and camels, its stone estates and palm groves, has been a privileged destination for those passionate by deserts. In the wake of Antoine de Saint-Exupéry (who crashed his plane in the region while working for the postal service) as well as Theodore Monod (renowned 20th century explorer) ramblers have adventured between the erg, canyon, and oasis of this region for some time. With the rise of terrorist attacks in 2007, the deserts of Mauritania became inaccessible. Ten years later, it is slowly reopening to travellers, those who wish to bring back hope to this Moorish region. With little earnings from tourism, the Mauritian population counts for roughly 4 million inhabitants living under difficult condition.
The resources of the country come principally from its abundant natural materials of the region, wedged between the Maghreb and the Sub-Saharan Desert. To the west, the Mauritian coast is one of richest fishing waters in the world. Highly coveted, China is offered a privileged access to these coastal regions in exchange for their installation of ports and harbours.
In the east, the principal national wealth is found in the mines at the center of the desert.
The mining industry represent one third of the budget revenue of the country. Since the departure of tourism, it is the iron found in the mines which determines the country's standard of living.
Between these two areas lies the largest desert in the world, The Sahara, traversed by an extraordinary railway of its kind. By leading its trains transporting ore, it is the vein of Mauritania.
Certain call it the Douira, the longest, slowest and heaviest train in the world.
Three trains transport three times by day a cargo of 17,000 tons of iron each destined to the port of Nouadhibou for exportation.
Which renders this train unique are the travellers who coexist with the iron in extreme condition. Profiting from free transportation, men and their animals ride the Douira for a journey of twenty hours where they darken over the kilometers. In summer, sat on the ore, they are exposed to temperatures exceeding 45 degree (C), cradled by the clinging of 200 train cars and the bleating of the goats.
And yet so, the travellers of these unprecedented caravans will never complain. There is even a natural solidarity which forms between these fisherman, students, or businessman. And for which, they risk their lives in this train where the smallest fall could leave one alone, in the middle of the Sahara, dead.