Parler pour survivre - pour M.S.F. au Mexique
Octobre 2019, Coatzacoalcos est tristement élue la ville la plus hostile du Mexique avec un record de 94,5% des habitants déclarants se sentir en insécurité.
Cette ville contrôlée par les narcotrafiquants et une police corrompue est aussi une étape importante pour les migrants qui voyagent vers les États-Unis à bord de « La Bestia », La Bête, un train de marchandise qui traverse le pays du Guatemala jusqu'aux États-Unis.
Cette ville est située à la fin de la région sud que les voyageurs appellent « la jungle ». C'est l'une des sections les plus dangereuses à cause des nombreux barrages mis en place par les narcotrafiquants et la police qui arrêtent le train pour escroquer, déporter, et parfois pire.
On estime qu'à la fin de leur voyage, 60% des migrants ont été exposé à au moins un type de violence sur le chemin (vol, extorsion, agression sexuelle, torture ?).
C'est dans ce contexte que la branche mexicaine de l'ONG Médecins Sans Frontière travaille tous les jours pour venir en aide aux migrants près du chemin de fer de Coatzacoalcos.
« Ils arrivent souvent blessés, les pieds abimés et couvert d'ampoules. Certains ont des fractures après avoir chuté du train » explique Yesika.
L'assistance médicale est le premier geste de la journée avec quelques soins et la distribution de kits de survie basiques contenant eau, gâteaux, dentifrices et savons. Quand les migrants ne peuvent pas monter sur le train, ils marchent, parfois pendant 12 heures d?affilées, certains avec des enfants.
A côté du camion médical de l'ONG, on observe le va-et-vient des migrants dans un centre d'accueil qui vient tout juste d'être rénové par les dons des institutions catholiques, et qui permet aux migrants de se reposer 24 à 48h.
Ne pouvant prodiguer que des soins légers, c'est l'assistance psychologique proposée qui a le plus de valeur selon M.S.F.
« Pendant leurs voyages, les migrants sont en état de stress et de peur permanents, ajoutez à cela le manque de sommeil et la folie n'est plus très loin » ajoute la psychologue.
Pour leurs patients les plus vulnérables, l'organisation non gouvernementale met en place des logements à l'écart pour une aide médicale et psychologique de plus longue durée.
Une de ces patientes s'appelle Lurvi. Cette hondurienne de 42 ans raconte non sans émotions être tombée du train il y a deux semaines lors d'un contrôle de police dans la ville. Lorsqu'elle reprend conscience à terre, elle comprend qu'elle a perdu ses jambes et que la population locale autour d'elle se charge de placer des garrots pour stopper l'hémorragie.
La police n'a pas pris la peine d'alerter les secours au moment du drame.
« Je ne regrette pas d'avoir quitté mon pays malgré tout, je ne pouvais plus payer les gangs pour maintenir mon épicerie ouverte, j'étais condamnée ».
Quand la psychologue lui demande quel est son rêve aujourd'hui, elle répond avec un sourire timide qu'elle veut écrire un livre pour raconter son histoire aux autres femmes qui quittent le Honduras, mais surtout, qu'elle voudrait récupérer des prothèses pour pouvoir remarcher un jour.
Talking to Survive - for M.S.F. in Mexico
October 2019, Coatzacoalcos is sadly elected the most hostile city in Mexico with a record of 94.5% of the inhabitants declaring feeling insecure.
This city controlled by drug traffickers and corrupt police is also an important stop for migrants who travel to the United States aboard "La Bestia", The Beast, a freight train that crosses the country from Guatemala to the United States.
This city is located at the end of the southern region that travelers call "the jungle. It is one of the most dangerous sections because of the many roadblocks set up by drug traffickers and police who stop the train to swindle, deport, and sometimes worse.
It is estimated that at the end of their journey, 60% of the migrants have been exposed to at least one type of violence on the way (theft, extortion, sexual assault, torture ...).
It is in this context that the Mexican branch of the NGO Doctors Without Borders works every day to help migrants near the Coatzacoalcos railway.
"They often arrive wounded, their feet damaged and covered with blisters. Some of them have broken bones after falling off the train," Yesika explains.
Medical assistance is the first act of the day with some treatments and the distribution of basic survival kits containing water, cakes, toothpaste and soap. When migrants cannot get on the train, they walk, sometimes for 12 hours, some of them with children.
Next to the NGO's medical truck, migrants are seen going back and forth in a reception center that has just been renovated with donations from Catholic institutions, and which allows migrants to rest for 24 to 48 hours.
As the NGO can only provide light care, it is the psychological assistance offered that has the most value according to M.S.F.
"During their travels, the migrants are in a state of permanent stress and fear, add to this the lack of sleep, and madness is not far away," adds the psychologist.
For their most vulnerable patients, the non-governmental organization is setting up sheltered accommodation for longer-term medical and psychological assistance.
One of these patients is called Lurvi. The 42-year-old Honduran woman recounts with emotion that she fell off the train two weeks ago during a police check in the city. When she regains consciousness on the ground, she realizes that she has lost her legs and that the local population around her was placing tourniquets to stop the bleeding.
The police did not bother to alert the rescue services at the time of the tragedy.
"I don't regret having left my country despite everything, I could no longer pay the gangs to keep my grocery store open, I was doomed".
When the psychologist asks her what her dream is today, she answers with a shy smile that she wants to write a book to relate her story to other women leaving Honduras, but above all, that she would like to get prostheses so that she can walk again one day.