Nathalie Appere, Portrait intime sur le role des femmes en politique.
La sphère politique française ne dénombre que 6 femmes, maires de villes de plus de 100000 habitants. A l Assemblée Nationale, moins de 20% des députés sont de sexe féminin. Aucune statistique n épargne les femme vis à vis de leurs homologues masculins lorsqu il s agit d équité, c est bien connu.
Notre pays est il si misogyne ? Il y a du mieux dans beaucoup de domaines, mais dans la pratique au quotidien, l egalité n est pas encore pour demain. La parité est un concept qui a encore du mal a s ancrer dans la société.
Nous avons enquêté et suivi, pendant quelques jours, la maire d une grande ville française Nathalie APPERE, députée-maire de Rennes.
Portrait et Analyse d une femme qui prend petit à petit du gallon et avance tranquillement ses pions sur l échiquier politique national dont les mérites sont d ailleurs vantés par le couple exécutif. Nul doute que le parcours de cette femme dont les 40 bougies n ont pas encore été soufflées, ne l emmène vers un avenir politique grandissant.
Etre maire lorsque l on est une femme, n est pas chose aisée en France. Le devenir avant même d être quadragénaire, relève pratiquement du tour de force ou de « l ovni politique ». Avec Johanna ROLAND à Nantes, elles sont deux, dans tout le pays à avoir endosser le costume de la fonction, à cet âge la.
Sans détours, Madame APPERE plante le décor expliquant pourquoi elle tient particulièrement à être appelée « Madame La Maire », à l instar des infirmières ou des institutrices pour lesquelles l Académie Française reconnaît leur intitulé féminin. Elle ne voit d ailleurs pas pourquoi les titres ont vocation à rester masculin. Elle avoue même , au regard de sa propre expérience, qu être une femme ne l a pas desservie, au contraire, ayant bénéficié de l instauration de la parité mise en place par Edmond HERVE, ancien ministre et maire historique de la capitale bretonne pendant 30 ans. Il est, avec Lionel Jospin, l une des personnalités qui ont influencé sa pensée politique.
N?ayant jamais ressentie d hostilité particulière à l égard de sa personne, elle reconnait volontiers trouver quelque peu désagréable la décharge de testostérones auxquelles l hémicycle de l Assemblée Nationale est parfois rompu ou soumis et où la dimension plutôt virile dans l échange se ressent fortement. En tant que femme, issue des nouvelles générations socialistes, elle affirme que ce n est pas comme cela qu elle conçoit le sens du débat et de l action politique.
Le rapport physique ne l intéresse pas, son analyse s étend donc plus largement. Son équipe confère que son management est très collaboratif. Elle fait confiance, laisse ses collaborateurs travailler de façon autonome.
Elle estime que les difficultés liées à la parité et au respect du rapport homme/femme ne sont pas plus intenses en politique que dans le reste de la société française.
Là où être une femme s avère plus compliqué pour Madame LA député/Maire réside dans l exercise de la vie de mère de famille ; faire coïncider ou concilier les casquettes vie publique-vie privée peut, en effet, générer un sentiment intime de culpabilité à l égard de ses enfants. Trouver des moments de vie privée, lire, se cultiver, d une façon autre que dans l?univers politique restent très compliqué. Ces rares instants de plaisirs partagés, elle les passent au cinéma avec ses enfants devant un dessin animé.
A l?évocation des pistes à étudier pour améliorer le rapport homme-femme, elle esquisse un sourire plein d optimisme et de lourdeur à la fois. Elle place sa réponse sous un angle législatif. Elle met en avant le mode de scrutin binominal pour les élections départementales (auparavant, seulement 13% de femmes était concerné par le scrutin en vigueur, et 6 départements ne disposaient d?aucun élu de sexe féminin), qui crée un mécanisme pour obtenir 50% de représentation féminine. Elle évoque ensuite le système de pénalisation des partis politiques qui ne présentent pas de candidatures féminines aux législatives.
Bien que par principe sa position initiale est plutôt réservée sur le système des quotas c est un mal nécessaire, « parce que, dans la théorie, les femmes n ont pas besoin de cela pour accéder aux responsabilités. » « Etre de gauche, c est être en révolte permanente contre l injustice. Et comme sur de nombreux sujets, le juste respect de l égalité fondamentale entre les sexes en fait partie. » Madame APPERE n a cependant pas le profil d?une militante féministe.
Son parcours impeccable d une force tranquille diffère quelque peu des anciens codes de la bonne vieille politique française. Elle adhère au parti socialiste en 1995 au sein de la Fédération PS d?Ille et Vilaine (35), avec un principe d égalité chevillé au corps. (NDLR : un cursus étudiant en action publique locale et un CV jamais très loin des politiques sociales). Elle devient adjointe au maire chargé de la vie associative à 25 ans, 1ere adjointe à 33, député à 37, maire à 39.
Son positionnement au sein de l agitation actuelle du PS à l échelon national est on ne peut plus clair : Elle dit « se reconnaître pleinement dans l action du Président, du gouvernement et de ses élus qui mettent toute leur énergie à la réussite du quinquennat. Elle avoue sans détour un certain agacement envers les frondeurs, « Il n y a pas de salut individuel en dehors de la réussite collective dans un moment politique suffisamment compliqué. Nous faisons partie de la même famille politique et le respect des décisions majoritaires devrait nous engager tous. Penser et agir autrement est une démarche que je ne comprend pas ».
Résolument anti FN, elle considère ce parti comme profondément anti républicain, en totale contradiction avec les valeurs fondamentales de la France, en plus d être une imposture politique proposant des solutions économiques et sociétales qui mèneraient la France dans l impasse.
Son agenda, comme pour beaucoup d?élus est bien chargé. Trouver du temps entre les différentes fonctions s apparente parfois à un tour de force. Mais d?apparence, elle ne semble jamais débordée, quasi-flegmatique.
Oratrice principale pour le groupe SRC (socialiste, républicain et citoyen) à la commission parlementaire « NOTRe »*, elle a été également responsable du texte pour le groupe P.S. sur la loi MAPTAM** Elle fait partie de la commission des lois sur les questions intérieures, de justice et d organisation territoriale. Enfin, Elle a été rapporteur, ou plutôt rapportrice à l Assemblée sur le projet d abrogation du conseiller territorial.
Forcément se pose donc la question sur le cumul des mandats. En 2017, la loi sera normalement sur le bureau du Président de l Assemblée. Elle dit ne pas souhaiter pour le moment briguer un autre mandat de député, préférant se consacrer pleinement à dessiner le visage de la ville de Rennes de demain.
Au regard de son parcours, Nathalie APPERE sera certainement un jour confronté à un destin national. Reste à savoir si les sirènes des hautes sphères auront ou non un impact sur elle ?
*(nouvel organisation territoriale de la république, NDLR : 3eme volet de la reforme territoriale, visant à développer l intercommunalité et à reformer le fonctionnement des collectivités)
**(modernisation de l?action publique territoriale et d?affirmation des métropoles)
Nathalie Appere - intimate portrait on the role of women in politics
The French political sphere only counts 6 women, mayors of cities with more than 100,000 inhabitants. In the National Assembly, less than 20% of deputies are women. No statistics spare women from their male counterparts when it comes to equity, it is well known.
Is our country so misogynistic? There is improvement in many areas, but in everyday practice, equality is not yet for the future. Parity is a concept that still has difficulty anchoring itself in society.
For a few days, we investigated and followed the mayor of a large French city, Nathalie APPERE, deputy mayor of Rennes.
Portrait and Analysis of a woman who gradually takes little by little from the gallon and quietly advances her pawns on the national political scene whose merits are praised by the executive couple. There is no doubt that the journey of this woman, whose 40 candles have not yet been blown out, does not lead her to a growing political future.
Being mayor when you are a woman is not an easy thing in France. Becoming a politician even before you are in your forties is practically a tour de force or a "political UFO". With Johanna ROLAND in Nantes, they are...two, in all the country to have put on the costume of the function, at that age there.
Without any detours, Mrs APPERE sets the scene explaining why she particularly wants to be called "Madame La Maire", like the nurses or teachers for whom the French Academy recognizes their feminine title. She does not see why the titles are intended to remain masculine. She even admits, based on her own experience, that being a woman has not served her, on the contrary, having benefited from the establishment of parity introduced by Edmond HERVE, former minister and historic mayor of the Breton capital for 30 years. He is, with Lionel Jospin, one of the personalities who influenced his political thinking.
Having never felt any particular hostility towards her, she readily admits to finding the discharge of testosterones to which the hemicycle of the National Assembly is sometimes broken or subjected and where the rather virile dimension in the exchange is strongly felt. As a woman, from the new socialist generations, she says that this is not how she sees the meaning of debate and political action.
The physical relationship does not interest him, so his analysis extends more widely. His team confers that his management is very collaborative. It trusts, lets its employees work independently.
She considers that the difficulties related to parity and respect for the gender ratio are no more intense in politics than in the rest of French society.
Where being a woman is more complicated for Madam LA MP/Mayor is in the exercise of motherhood; matching or reconciling public life and privacy caps can, in fact, generate an intimate sense of guilt towards her children. Finding moments of privacy, reading, learning, in a way other than in the political world remain very complicated. These rare moments of shared pleasure, she spends them in the cinema with her children in front of a cartoon.
When she talks about the avenues to be explored to improve the relationship between men and women, she paints a smile full of optimism and heaviness at the same time. It puts its response in a legislative perspective. It highlights the binominal voting system for departmental elections (previously, only 13% of women were concerned by the current election, and 6 departments had no female elected representatives), which creates a mechanism to achieve 50% female representation. She then referred to the system of penalizing political parties that do not submit female candidates for legislative elections.
Although in principle its initial position is rather reserved on the quota system, it is a necessary evil, "because, in theory, women do not need this to access responsibilities. "To be left-wing is to be in permanent revolt against injustice. And as on many subjects, fair respect for fundamental equality between the sexes is one of them. "However, Ms. APPERE does not have the profile of a feminist activist.
His impeccable career with a quiet strength differs somewhat from the old codes of good old French politics. She joined the Socialist Party in 1995 within the PS Federation of Ille et Vilaine (35), with a principle of equality pegged to the body (Editor's note: a curriculum studying local public action and a CV never far from social policies). She became deputy mayor in charge of community life at 25, 1st deputy at 33, deputy at 37, mayor at 39.
Her positioning within the current unrest of the SP at the national level is very clear: she says she "fully recognizes herself in the action of the President, the government and his elected representatives who are putting all their energy into the success of the five-year period. She admits bluntly that she is annoyed with the rebels, "There is no individual salvation apart from collective success in a sufficiently complicated political moment. We are part of the same political family and respect for majority decisions should be a commitment for all of us. Thinking and acting differently is something I don't understand.
Resolutely anti-FN, it considers this party to be deeply anti-republican, in total contradiction with France's fundamental values, in addition to being a political imposture proposing economic and societal solutions that would lead France into a deadlock.
Finding time between the different functions is sometimes like a tour de force. But in appearance, she never seems overwhelmed, almost phlegmatic.
Currently Lead Speaker for the SRC group (socialist, republican and citizen) on the parliamentary committee "NOTRe "*, she was also responsible for the text for the P.S. group on the MAPTAM law** She is a member of the committee on laws on internal affairs, justice and territorial organisation. Finally, she was rapporteur... or rather rapporteur to the Assembly on the draft repeal of the Territorial Councillor.
This raises the question of the accumulation of mandates. In 2017, the law will normally be on the desk of the President of the Assembly. She says she does not wish to run for another term as a member of parliament for the time being, preferring instead to devote herself fully to drawing the face of the city of Rennes of tomorrow.
In view of her career path, Nathalie APPERE will certainly one day be confronted with a national destiny. It remains to be seen whether or not the sirens of the higher spheres will have an impact on it?
*(new territorial organisation of the republic, editor's note: 3rd part of the territorial reform, aimed at developing intermunicipality and reforming the functioning of local authorities)
**(modernization of territorial public action and affirmation of metropolitan areas)