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La Courneuve - Gabriella et le Flash
Le Service Civique s'adresse à tous les jeunes de 18 à 25 ans qui souhaitent accomplir une mission d'intérêt général. En 2015, 53 000 jeunes se sont engagés dans le Service Civique dans plus de 6200 organismes agréés. Après les attentats de Novembre 2015, les modalités d'accès ont été facilitées par le gouvernement Hollande qui a fixé comme objectif à atteindre, celui de 350 000 jeunes d'ici 2018.
J'ai rencontré une de ces volontaires du Service Civique à la Courneuve, commune d'environ 40 000 habitants située en Seine-Saint-Denis et où la pauvreté et l'exclusion frappent avant tout les plus jeunes. En 2013, selon l'INSEE, le taux de chômage y est de 42,5% chez les 15-24 ans, c'est presque deux fois plus élevé que la moyenne nationale.
Gabriella a 22 ans et vient de Pierrefitte-sur-Seine. Depuis le mois de mai 2017, elle effectue sa mission au Flash de la Courneuve, un club de football américain qu'elle a rejoint il y a 3 ans et dans lequel elle évolue comme joueuse de football américain et de flag (sport dérivé du football américain se jouant sans protection) mais également en tant qu'élue en charge des questions événementielles. Elle se décrit elle-même comme quelqu'un d'altruiste et toujours prête à s'engager pour les causes qui lui tiennent à coeur. En parallèle de sa mission et de son engament associatif, elle est étudiante en STAPS à l'Université Paris Descartes et se spécialise en APA (Activités Physiques Adaptées). Elle travaille avec des personnes handicapées mentales ou moteurs, et avec d'autres étudiants et coéquipiers, ils cherchent à développer la pratique du handiflag.
L'engagement de Gabriella dans le football américain a commencé bien avant que son service civique ne débute au mois de mai. Elle pratique ce sport depuis 7 ans et admet volontier que ce dernier a en quelque sorte changé sa vie. Elle y a appris la discipline et la rigueur, et surtout compris le sens de valeurs telles que la fraternité ou encore le travail d'équipe, pierre angulaire de ce jeu considéré comme l'un des plus stratégiques au monde.
Le Flash de la Courneuve, est un club de football américain qui a été fondé en 1984 par Michel Leroy, 24 ans, à l'époque animateur, moniteur de voile, et surtout ancien des Spartacus de Paris, et Yazid Mabrouki, 18 ans, un jeune de la Courneuve. Si le club figure dans le top 20 de la EFAF (European Football League) aujourd'hui, les débuts ont été sans prétention. François le raconte simplement : « à l'époque le but du jeu c'était de créer des clubs [...] c'est parti d'un truc amical pour s'amuser [...] Yazid a amené ses potes et moi le ballon ». Assez rapidement ils obtiennent un terrain et des subventions de la municipalité de La Courneuve et l'aventure commence. La mairie communiste fait cependant rapidement comprendre aux deux amis que le club ne pourra pas prétendre à un fonctionnement à l'américaine raconte François « le show avec Coca-Cola et Budweiser, pas à la Courneuve ». Aujourd'hui les choses ont légèrement changé, le Coca a fait son entrée dans les vestiaires, mais l'esprit reste sensiblement le même. Des plaquettes ont d'ailleurs été imprimées pour sensibiliser les jeunes à la nutrition. François ne cache pas non plus son opinion sur le sujet : «Si un jour Mac Donald rentre comme sponsor du club, je m'en vais. Je vais pas faire un club Mac Donald, c'est loin de mes idées.»
Gabriella prend sa nouvelle mission à coeur mais ne pense pas que le contrat qui la lie désormais à l'état ne change profondément les priorités de son engagement. Elle se voit comme une « femme de l'ombre » oeuvrant au bon fonctionnement d'un club auquel elle doit beaucoup. Aussi, pour la demi-finale du championnat ELITE ayant lieu ce samedi 10 mai 2017, Gabriella sait exactement ce qu'elle a à faire : de la préparation du terrain à celle des tribunes, en passant par la gestions des bénévoles. Quand je lui parle de l'utilité publique de sa mission, Gabriella me répond qu'elle rend avant tout service à son club. « C'est mon club qui rend service à l'état », dit-elle avec un sourire radieux. Ici le Flash ne fait pas que du foot, c'est une structure qui fournit un réel cadre à ses adhérents et en empêche certains de sortir du droit chemin. Ca va de l'accueil des jeunes au suivi de leurs projets scolaires ou même professionnels. Le Flash procure parfois également un soutien psychologique voire matériel à certains membres en difficulté. Pour Gabriella, le Flash est une « famille ». Le club jouit d'ailleurs d'un certain prestige au sein de la communauté : « Quand on a nos équipements dans les transport en commun, tout le monde connaît le Flash » me dit Gabriella. François, aujourd'hui 60 ans, président du club, tempère néanmoins. Certes les entraîneurs ont avant tout des rôles d'éducateurs mais le club reste une association sportive. L'environnement social demande une certaine vigilance qui a toujours été de mise depuis les débuts, mais comme François le rappelle non sans une certaine fierté : «A la base on est pas des assistantes sociales. On fait peut-être mieux mais on en est pas.»
Depuis 3 ans, Gabriella joue dans l'équipe féminine du Flash qui existe depuis maintenant 4 ans et qui est composée d'environ 25 filles toutes âgées de plus de 18 ans. Même si un certain sexisme existe dans ce milieu, avoue Gabriella, de gros progrès ont été faits, et les filles commencent a être respectées pour leur travail sur le terrain. En attentant que les mentalités changent complément, Gab, comme on l'appelle ici au Stade Géo André, se consacre à sa mission. En la poussant un peu, elle finit quand même par me lâcher : «Je pense que la France manque beaucoup de civisme.» Elle admet qu'elle n'est pas parfaite elle-même, mais aimerait bien pouvoir se dire qu'à sa façon, elle a contribué, si ce n'est qu'un peu, à changer les choses.
La Courneuve - Gabriella and the Flash
Le Service Civique s'adresse à tous les jeunes de 18 à 25 ans qui souhaitent accomplir une mission d'intérêt général. En 2015, 53 000 jeunes se sont engagés dans le Service Civique dans plus de 6200 organismes agréés. Après les attentats de Novembre 2015, les modalités d'accès ont été facilitées par le gouvernement Hollande qui a fixé comme objectif à atteindre, celui de 350 000 jeunes d'ici 2018.
J'ai rencontré une de ces volontaires du Service Civique à la Courneuve, commune d'environ 40 000 habitants située en Seine-Saint-Denis et où la pauvreté et l'exclusion frappent avant tout les plus jeunes. En 2013, selon l'INSEE, le taux de chômage y est de 42,5% chez les 15-24 ans, c'est presque deux fois plus élevé que la moyenne nationale.
Gabriella a 22 ans et vient de Pierrefitte-sur-Seine. Depuis le mois de mai 2017, elle effectue sa mission au Flash de la Courneuve, un club de football américain qu'elle a rejoint il y a 3 ans et dans lequel elle évolue comme joueuse de football américain et de flag (sport dérivé du football américain se jouant sans protection) mais également en tant qu'élue en charge des questions événementielles. Elle se décrit elle-même comme quelqu'un d'altruiste et toujours prête à s'engager pour les causes qui lui tiennent à coeur. En parallèle de sa mission et de son engament associatif, elle est étudiante en STAPS à l'Université Paris Descartes et se spécialise en APA (Activités Physiques Adaptées). Elle travaille avec des personnes handicapées mentales ou moteurs, et avec d'autres étudiants et coéquipiers, ils cherchent à développer la pratique du handiflag.
L'engagement de Gabriella dans le football américain a commencé bien avant que son service civique ne débute au mois de mai. Elle pratique ce sport depuis 7 ans et admet volontier que ce dernier a en quelque sorte changé sa vie. Elle y a appris la discipline et la rigueur, et surtout compris le sens de valeurs telles que la fraternité ou encore le travail d'équipe, pierre angulaire de ce jeu considéré comme l'un des plus stratégiques au monde.
Le Flash de la Courneuve, est un club de football américain qui a été fondé en 1984 par Michel Leroy, 24 ans, à l'époque animateur, moniteur de voile, et surtout ancien des Spartacus de Paris, et Yazid Mabrouki, 18 ans, un jeune de la Courneuve. Si le club figure dans le top 20 de la EFAF (European Football League) aujourd'hui, les débuts ont été sans prétention. François le raconte simplement : « à l'époque le but du jeu c'était de créer des clubs [...] c'est parti d'un truc amical pour s'amuser [...] Yazid a amené ses potes et moi le ballon ». Assez rapidement ils obtiennent un terrain et des subventions de la municipalité de La Courneuve et l'aventure commence. La mairie communiste fait cependant rapidement comprendre aux deux amis que le club ne pourra pas prétendre à un fonctionnement à l'américaine raconte François « le show avec Coca-Cola et Budweiser, pas à la Courneuve ». Aujourd'hui les choses ont légèrement changé, le Coca a fait son entrée dans les vestiaires, mais l'esprit reste sensiblement le même. Des plaquettes ont d'ailleurs été imprimées pour sensibiliser les jeunes à la nutrition. François ne cache pas non plus son opinion sur le sujet : «Si un jour Mac Donald rentre comme sponsor du club, je m'en vais. Je vais pas faire un club Mac Donald, c'est loin de mes idées.»
Gabriella prend sa nouvelle mission à coeur mais ne pense pas que le contrat qui la lie désormais à l'état ne change profondément les priorités de son engagement. Elle se voit comme une « femme de l'ombre » oeuvrant au bon fonctionnement d'un club auquel elle doit beaucoup. Aussi, pour la demi-finale du championnat ELITE ayant lieu ce samedi 10 mai 2017, Gabriella sait exactement ce qu'elle a à faire : de la préparation du terrain à celle des tribunes, en passant par la gestions des bénévoles. Quand je lui parle de l'utilité publique de sa mission, Gabriella me répond qu'elle rend avant tout service à son club. « C'est mon club qui rend service à l'état », dit-elle avec un sourire radieux. Ici le Flash ne fait pas que du foot, c'est une structure qui fournit un réel cadre à ses adhérents et en empêche certains de sortir du droit chemin. Ca va de l'accueil des jeunes au suivi de leurs projets scolaires ou même professionnels. Le Flash procure parfois également un soutien psychologique voire matériel à certains membres en difficulté. Pour Gabriella, le Flash est une « famille ». Le club jouit d'ailleurs d'un certain prestige au sein de la communauté : « Quand on a nos équipements dans les transport en commun, tout le monde connaît le Flash » me dit Gabriella. François, aujourd'hui 60 ans, président du club, tempère néanmoins. Certes les entraîneurs ont avant tout des rôles d'éducateurs mais le club reste une association sportive. L'environnement social demande une certaine vigilance qui a toujours été de mise depuis les débuts, mais comme François le rappelle non sans une certaine fierté : «A la base on est pas des assistantes sociales. On fait peut-être mieux mais on en est pas.»
Depuis 3 ans, Gabriella joue dans l'équipe féminine du Flash qui existe depuis maintenant 4 ans et qui est composée d'environ 25 filles toutes âgées de plus de 18 ans. Même si un certain sexisme existe dans ce milieu, avoue Gabriella, de gros progrès ont été faits, et les filles commencent a être respectées pour leur travail sur le terrain. En attentant que les mentalités changent complément, Gab, comme on l'appelle ici au Stade Géo André, se consacre à sa mission. En la poussant un peu, elle finit quand même par me lâcher : «Je pense que la France manque beaucoup de civisme.» Elle admet qu'elle n'est pas parfaite elle-même, mais aimerait bien pouvoir se dire qu'à sa façon, elle a contribué, si ce n'est qu'un peu, à changer les choses.