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Le Cap del Pouech, ce lieu qui nous attendait
C'est le récit d'une histoire familiale transportée dans un nouvel ancrage. Cette famille franco-suisse-hollandaise, domiciliée pendant 17 ans en Suisse après avoir longtemps vécu dans l'Himalaya, a décidé d'incarner leurs valeurs en Ariège. Il y a trois ans, les parents ont acheté le domaine du Cap del Pouech et ont fait le trajet en quatre mois de Mergoscia, dans les Alpes Italiennes jusqu'au seuil de leur porte, dans la commune du Mas d'Azil, avec leur trois fils, Zoïs, Norbu et Sonam, tous à pieds, accompagnés de leurs ânesses et de leur chien. Ils ont migré dans « ce lieu puissant qui les attendait », garant de leur liberté et de leur mode de vie. Ce projet de famille global et expérimental s'inscrit dans une connexion permanente avec le vivant sur un vaste espace, clé du déploiement de leurs ambitions liées à l'amour inconditionnel de la terre. Installés tous les cinq, en compagnie de leurs animaux nombreux, ils mettent en place les conditions de réalisation d'un éco-domaine visant l'autonomie et basée sur le développement de leurs compétences, dédié à la santé, à la pédagogie et l'accueil dans le plus grand respect de l'environnement. A terme, il devrait ouvrir au public.
L'Ariège offre depuis longtemps la possibilité à des personnes venues d'ailleurs d'occuper une place dans son paysage social et géographique. Leurs vies sont marquées par l'invention et l'adoption de principes contournant les critères normes de l'habitat, de l'agriculture et de l'accueil.
Cette série, parmi d'autres en cours, est le résultat d'un dialogue autour des dynamiques migratoires en Ariege en collaboration avec deux chercheurs du projet de recherche CAMIGRI, Christophe Imbert et William Berthomière. A partir des objectifs scientifiques du projet CAMIGRI visant à décrire les caractéristiques des dynamiques migratoires contemporaines que connait le monde rural, une réflexion partagée a été engagée à partir du terrain de recherche ariégeois, marqué par une tradition hospitalière et représente comme une « terre des possibles ». C'est la dimension discrète de la présence, dont l'entiereté des traits échappent bien souvent aux méthodologies classiques, qui fait ici l'objet d'un dialogue entre recherche et photographie : demandeurs d'asile, neo-ruraux de différentes nationalites, militants et défenseurs d'une cause, retraités (re)venus de la ville... Il apparaît que ce peuplement en mouvement produit un tissu où se croisent des aidants, des familles, des communautés autour de l'habitat, de l'agriculture, du tourisme et des politiques d'accueil des migrants.
L'apport d'un regard photographique singulier au cours d'un road trip effectué sur un temps long et en decale par rapport au travail des chercheurs, fait d'allers-retours, d'explorations et de rencontres recurrentes pour la photographe permet sans aucun doute de révéler les forces en présence, au sens premier de l'expression : la force des présences, à travers des portraits, des apparitions, des situations, des changements inopinés. Dès janvier 2019, des échanges nourris entre la photographe et les géographes, préalables aux premières rencontres ont donné des contours à ces galaxies humaines dispersées dans une vaste nature. Au bout de plusieurs semaines d'observation et de dialogue, il semble que ces expériences migratoires revêtent une part de volonté absolue mélangée à une forme d'incertitude palpable : le regard y décèle plutôt la mobilité et le détachement dans l'ancrage, le contraire en somme d'un voyage qui s'arrête. On n'aperçoit jamais le bout de la route, mais toujours des nouveaux chemins qui se dessinent. C'est une approche sensible qu'a choisie la photographe Céline Gaille, l'engageant ainsi dans la sphère intime et subjective de ces familles, groupes ou individus.
Le Cap del Pouech, this place awaiting us
It is the story of a family transported to a new anchor. This Franco-Swiss-Dutch family, domiciled for 17 years in Switzerland after having lived in the Himalayas for a long time, decided to embody their values ??in Ariège. Three years ago, the parents bought the Cap del Pouech estate and traveled in four months from Mergoscia, in the Italian Alps to their doorstep, in the town of Mas d'Azil, with their three sons, Zoïs, Norbu and Sonam, all on foot, accompanied by their donkeys and their dog. They migrated to "this powerful place that awaited them", guarantor of their freedom and their way of life. This global and experimental family project is part of a permanent connection with the living on a vast space, key to the deployment of their ambitions linked to the unconditional love of the earth. Installed all five, in the company of their numerous animals, they set up the conditions for carrying out an eco-domain aiming at autonomy and based on the development of their skills, dedicated to health, education and welcome with the greatest respect for the environment. Ultimately, it should open to the public.
Ariège has long offered the possibility to people from elsewhere to occupy a place in its social and geographic landscape. Their lives are marked by the invention and the adoption of principles bypassing the standards of housing, agriculture and hospitality.
This series, among others in progress, is the result of a dialogue around migratory dynamics in Ariege in collaboration with two researchers from the CAMIGRI research project, Christophe Imbert and William Berthomière. Based on the scientific objectives of the CAMIGRI project aimed at describing the characteristics of the contemporary migratory dynamics experienced by the rural world, a shared reflection was initiated from the Ariégeois research field, marked by a hospital tradition and represents as a "land of possibilities " It is the discreet dimension of presence, the fullness of which often escapes classic methodologies, which is the subject of a dialogue between research and photography: asylum seekers, neo-rural people of different nationalities, activists and defenders of a cause, retirees (re) from the city ... It appears that this settlement in movement produces a fabric where helpers, families, communities around the habitat, agriculture , tourism and migrant reception policies.
The contribution of a unique photographic gaze during a road trip carried out over a long period of time and in relation to the work of the researchers, made of back and forth, explorations and recurring encounters for the photographer allows without no doubt to reveal the forces present, in the primary sense of the expression: the force of presences, through portraits, apparitions, situations, unexpected changes. From January 2019, intensive exchanges between the photographer and the geographers, prior to the first meetings gave contours to these human galaxies dispersed in a vast nature. After several weeks of observation and dialogue, it seems that these migratory experiences take on a part of absolute will mixed with a form of palpable uncertainty: the gaze detects mobility and detachment in anchoring, the opposite in short, a journey that stops. You never see the end of the road, but always new paths that emerge. It is a sensitive approach that the photographer Céline Gaille chose, thus engaging her in the intimate and subjective sphere of these families, groups or individuals.